
samedi 13 décembre 2008
Les Subsonics

dimanche 30 novembre 2008
La Minute Yéyé (7) : Gillian Hills / Catherine Ribeiro
Par quel truchement et par quel coup de Trafalgar retrouve-t-on Gillian Hills dans la Minute Yéyé, en entends-je déjà crier. En effet, voilà un nom qui évoque plus volontiers la perfide Albion que les collines bourguignonnes, les massifs armoricains ou les ouiches lorraines.
Catherine Ribeiro
À mes yeux, le «Rien n'y fait, rien n'y fera» de Catherine Ribeiro occupe une place particulière dans la galaxie yéyé ; en effet, il évoque de façon tout-à-fait frappante le célèbre film Misery (inspiré d'une nouvelle de Stephen King). Rappelez vous de cette histoire terrifiante d'un écrivain à succès qui, accidenté un soir de blizzard, est recueilli par l'une de ses admiratrices. Les jambes brisées et bloqué par les intempéries, il doit lutter contre les avances de cette folle furieuse qui, tour à tour, envisage de l'épouser et de le tuer.
Les paroles de Catherine Ribeiro corresponde parfaitement à la psyché de ce personnage, passionnée et psychopathe à la fois. L'impression est renforcée par la voix, disons un peu fausse, de Catherine. Quelque chose d'effrayant et de furieux se dégage en tout cas de cette chanson avec cet extraordinaire jeu de guitare feuze. Moi j'en frissonne ...
Catherine Ribeiro - Rien n'y fait, rien n'y fera (1966)
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lundi 17 novembre 2008
À bas Myspace !
Dead Kennedys - MTV get off the air
lundi 10 novembre 2008
Adam Green et Ben Kweller
vendredi 31 octobre 2008
Jonathan Richman et les Modern Lovers
Avant de parler de «Jonathan Richman et des Modern Lovers», précisons que cette appellation ne désigne pas un groupe en particulier mais une succession de formations qui ont accompagné Jonathan Richman (à droite sur la photo) tout au long des années 1970. Qui est ce brave homme, essentiellement connu pour son rôle de ménestrel dans le film Mary à tout prix ? Simplement le personnage le plus sympathique et le plus attachant de l'histoire du rock. L'un des plus atypiques et des plus talentueux également.
Pourtant, Richman est l'antithèse parfaite du personnage rock, au sens «sexe, drogue et rock'n'roll» du terme. Jonathan Richman était, et est certainement toujours, un mec sain, souriant et éminemment gentil ; l'un des rares rockers que l'on souhaiterait avoir pour ami ou pour frère. Car il faut bien l'avouer, dans la vraie vie, je ne voudrais à aucun prix avoir Iggy Pop ou Johnny Rotten parmi mes proches !
Juif de la Côte Est (Boston), le jeune Jonathan se rendit à la fin des années 1960 à une performance du Velevet Underground, alors de passage à Boston, et en fut si retourné qu'il partit les suivre à New-York, conduisant leur bus et assurant à l'occasion leur première partie. Lorsque Lou Reed et John Cale quittèrent le groupe en 1970, Richman estima qu'il était temps de retrousser ses manches, de voler de ses propres ailes, et de se lancer à son tour dans la musique.
De retour à Boston, il forma les Modern Lovers avec, entre autres, son voisin John Felice (futur leader des excellents Real Kids), David Robinson (futur Cars) rejoints plus tard par Jerry Harrison (futur Talking Heads), c'est-à-dire, rétrospectivement, une belle brochette de champions.
La joyeuse bande commença à jouer à droite et à gauche devant les nombreux étudiants de la ville, Jonathan distillant toutes ses influences velvetiennes dans «Pablo Picasso» ou «I'm straight». Ce dernier morceau, avec sa guitare minimaliste, tranchante, et répétitive avait d'ailleurs le chic pour faire frémir la barbe de tous les babas pas si cools qui, à cette époque, garnissaient les campus :
«Écoute, je t'appelle à propos de Johnny, le hippie : il est tout le temps défoncé, il n'a jamais l'esprit clair. Je t'ai vue aujourd'hui te promener avec lui et, tu vois, il fallait que je t'appelle pour te dire que j'aimerais bien prendre sa place. Regarde : il est défoncé, Johnny le hippie ! Et ben moi, tu vois, je suis un mec sain et j'ai envie de prendre sa place ; je suis un mec sain !»
Jonathan Richman et les Modern Lovers - I'm straight
(acheter The modern lovers à la Fnac)
On le voit, à une époque où Yes, Jethro Tull et toute leur horde de hippies triomphaient, les Modern Lovers naviguaient un peu à contre-courant. Pis, lors de cette atroce période musicale que fut le début des années 1970 (la pire de l'histoire du rock), les Modern Lovers étaient quasiment les seuls à oser encore jouer du garage et du rock 60s à trois accords. La chance voulut qu'ils furent bons. Le garage, ils le réinventèrent même avec le frénétique «Roadrunner», souvent considéré (à tort) comme le premier morceau punk.
Autre air tourbillonnant datant de 1973 : «Government center», enregistré sous la houlette de Kim Fowley (le personnage le plus déjanté jamais interviewé par Rock'n'Folk). Voilà simplement l'une des chansons les plus entraînantes et les plus énergiques que je connaisse. Les paroles expliquaient justement comment le groupe ambitionnait de jouer sur la place centrale de Boston pour faire danser les secrétaires et leur faire coller leurs timbres en rythme. Tout ça démarrait sur une ligne de basse accrocheuse, relayée immédiatement par un orgue sautillant et par le timbre enjoué de Richman. Non, vraiment, on fait difficilement mieux en matière de rock'n'roll.
Jonathan Richman et les Modern Lovers - Government center
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Ce côté garage et quelque peu sauvage ne doit cependant pas éclipser une autre facette qui, lentement, allait éclore chez les Modern Lovers. Le groupe prit en effet l'habitude de jouer dans des écoles primaires, des établissements psychiatriques, des hôpitaux pour enfants ou pour personnes âgées. C'est face à ces publics insolites que Jonathan Richman modifia petit à petit sa manière d'appréhender la musique.
L'électricité des premiers enregistrements commença à laisser place à des morceaux acoustiques, tout en douceur, sur lesquels Richman pouvait dévoiler son univers naïf et enjoué, enfantin même ; un univers dans lesquel il chantait tour à tour son amour pour les insectes ou pour la cloche du marchand de glace, accompagné par des sonorités caribéennes, orientales ou 50s.
Parmi les merveilles enregistrées à cette époque, Jonathan Richman dédia l'une de ses chansons à sa terre natale (la Nouvelle-Angleterre), peut-être le plus bel hommage jamais rendu à une patrie :
«Mesdames et messieurs, je suis allé à Paris, je suis allé à Rome, mais que pouvais-je bien y faire à part regretter mon pays ? Je suis allé à l'Ouest, en Californie, mais ma terre natale me manquait. Dum-de-dum-de-dum-de-dum-day, o-oh : la Nouvelle-Angleterre !»
Jonathan Richman et les Modern lovers - New-England
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Richman et ses garçons ont influencé toute une légion de punks, ils ont enthousiasmé toute une tripotée d'enfants et de grandes personnes. Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu'ils étaient aussi et avant tout de remarquables musiciens. Il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter les enregistrements de concerts datant de la fin des années 1970, et de remarquer la maestria dont faisait preuve Jonathan à la guitare ainsi que son aisance au chant.
Surtout, lui et ses musiciens parvenaient à jouer à l'instinct, ralentissant, s'arrêtant, repartant au gré des inspirations d'un Richman véritablement possédé par ce qu'il chantait, pleurant ou riant en plein morceau. Le groupe savait toujours s'accrocher à la bonne vibration, au bon flux, celui qui berçait et faisait danser à la fois. Et une fois le mojo attrapé, il ne le lâchait plus, en témoigne une mémorable version d'«Ice-cream man» au cours de laquelle le groupe, satisfait de son grouve, joua le morceau quatre ou cinq fois de suite devant un public hystérique.
Autre pépite enregistrée sur scène, «In the morning of our lives» figure parmi les plus belles chansons d'une discographie déjà remarquable. Ses paroles optimistes personnifient parfaitement le personnage de Jonathan Richman qui, rappelons-le, est le plus sympathique de l'histoire du rock.
Heureux les simples d'esprit, le royaume des Cieux est à eux.
Jonathan Richman et les Modern lovers - In the morning of our lives
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samedi 25 octobre 2008
Electrelane
Voici «Birds» et «After the call», respectivement issus des deux albums les plus accessibles du groupe, The power out et No shouts no calls, par lequel il faut peut être commencer.
Electrelane - Birds
vendredi 17 octobre 2008
Missy Elliott
Le son de Miss E, c'est du rude, du rugueux, du vulgaire, de l'ultra-direct, du gangsta-rap machiste à l'envers. Et encore, Dieu merci, nous ne comprenons que la moitié des paroles. «Si ta meuf n'assure pas, appelle-moi, [...] je suis pas une prostituée mais je peux te donner ce que tu veux» ; cet extrait de «Work it» résume plutôt bien ce autour de quoi tourne l'œuvre de Miss Elliott.
Pour ceux qui auraient encore des doutes, notez que le second morceau ci-proposé s'appelle «I'm really hot». Il s'agit d'un remix produit par un duo appétissamment nommé Ratatat. Ces deux électroniciens new-yorkais ont eu la bonne idée d'ajouter une ligne de basse vrombissante couronnées de petites notes de Farfisa si douces et bien choisies qu'elles transfigurent un hymne mégalo-dansant en une ballade dramatique et, je l'avoue, presque émouvante.
mardi 14 octobre 2008
Bilan d'activité
Et pourtant, après un an, 54 messages et 13 250 visites, le blog est toujours debout, solide comme le roc. Un an déjà ! Que de litres d'eau ont coulé sous nos ponts et nos éviers ...L'heure est maintenant au bilan et à l'analyse du profil-type de notre lectorat grâce à la liste des 15 morceaux les plus écoutés sur Infrasons :
Quelques remarques sur ce classement. Tout d'abord, les lecteurs d'Infrasons semblent avoir un petit faible pour la gent féminine puisque 5 des 6 premiers morceaux sont chantés par des filles. Détail amusant : Infrasons avait même annoncé que le «Suey» de Jayne Mansfield serait la chanson qui récolterait les meilleures audiences, expliquant qu'il suffisait de publier la photo d'une fille magnifique pour intéresser le lecteur.
Sincèrement vôtre,
Infrason
dimanche 28 septembre 2008
Le Tour du Monde des Garages et des Ménestrels (5) : Yémen
samedi 13 septembre 2008
Le Tour du Monde des Garages (4) : Turquie
Après le Japon, la Chine, l'Indonésie et l'Inde, le Tour du Monde des Garages poursuit sa marche vers l'ouest pour s'attaquer à la Turquie ou, plus précisément, à sa scène psychédélique du début des années 1970.
Petit aparté tout d'abord pour replacer les choses dans leur contexte : au début des années 1970, le rock anglo-saxon piétinait, suivant en cela et de façon quasi-symétrique l'état de santé des Beatles. Ainsi, lorsque les quatre garçons de Liverpool commençaient à ne plus s'entendre en 1968, c'est l'ensemble de la production musicale qui semblait prendre l'eau ... pour sombrer littéralement à la séparation du groupe en 1970.
L'escadron britannique (Stones, Who, Kinks et consors) qui avait conquis et enchanté le monde décida brusquement d'allonger cheveux et chansons pour servir un rock lourdingue et inintéressant ; tandis que, de l'autre côté de l'Atlantique, les quelques noyaux de résistance (Stooges, Modern lovers) ne pouvaient suffire à sauver la situation.
C'est pourtant à ce moment que le rock ottoman ouvrit ses ailes, s'engouffrant dans la vague psychédélique que les Anglo-Saxons avaient abandonné depuis 3-4 années. Il fallait donc vivre en Turquie à cette époque si l'on était amateur de garage enragé, parsemé de fuzz et de giclées psychédéliques. Petit tour d'horizon de cette scène
Cem Karaca & Apaşlar
Gönül Yazar - Çapkin kiz
PS (2) : je plains mes confrères blogueurs turcs qui doivent placer des cédilles et des trémas sur la moitié de leurs lettres. Bravo les gars !
vendredi 29 août 2008
Les Vieilles Charrues 2008
On ne le dira jamais assez : la scène c'est l'école de la seconde chance , celle qui rebat les cartes et supprime tous les bonus/malus accumulés lors des enregistrements studio.
La prestation offerte par Mötörhead illustre parfaitement cette affirmation. Groupe indigeste sur album, il ne dévoile son intérêt que de visu.
Mötörhead n'est pas un bon groupe de musique ; c'est un vaillant escadron de cavalerie : méchant, sale, brutal et impitoyable. Voilà pourquoi ils méritent d'être vus.
Les Babyshambles
Enfin, ça y est, ils arrivent ! A la surprise générale puisque tout le monde imaginait une annulation du concert ou, du moins, un retard de 5 ou 6 heures. On apprendra le lendemain que les organisateurs ont mené une opération commando dans le TGV pour faire descendre le groupe avant Guingamp, ville dans laquelle rôdent les douaniers...
Peau livide, costume cintré et chapeau noirs, l'apparition de Pete Doherty glace le sang ; sosie du héros des «Noces funèbres», il fait l'effet d'un fantôme.
Rapidement, cependant, les choses s'améliorent. L'attitude chaotique de Doherty devient fascinante. Tout dans sa manière de faire est déstructuré, surprenant ; le bonhomme s'assoit au milieu d'un morceau, comme ça, sans crier gare, puis se relève d'un coup, va embêter le caméraman en débranchant le cordon de son appareil, le tout avec une nonchalance proprement admirable.
S'il se contente essentiellement du chant, Doherty saisit de temps à autres sa magnifique Rickenbacker noire pour des mini-solos catastrophiques ; on dirait ce que je fais lorsque je m'efforce de jouer de la guitare ! Et pourtant, ce style approximatif ne semble pas le gêner ou l'inquiéter le moins du monde, comme s'il faisait partie du spectacle. Cette succession de mouvements et de sons désordonnés semble même s'insérer dans une rythmique étrange et étonnamment classe. Car, oui, sous ses airs chaotiques, ce pantin désarticulé se meut et agit presque en rythme, avec une souplesse renforcée par le millimétrage de son costume.
Alors, moi qui n'avait jamais vu Doherty et qui le prenait pour un abruti, je compris en le voyant : ce personnage est racé ; un surprenant sentiment de liberté émane de chacune de ses mimiques.
Le lendemain, bien sûr, les canards de Pléhéven-sur-Scorff et Lanncoët s'accorderont à évoquer une prestation décevante, chaotique, fatiguée. Et bien non : ceux qui étaient au premier et qui sont encore dotés d'une once de goût témoigneront qu'il s'agissait d'un grand moment de rock'n'roll. Point. Et ce ne sont pas les journalistes avachis devant l'écran géant de l'espace presse qui leur feront changer d'avis.
Brisa Roché
Retour au festival deux jours plus tard. Pendant que le sympathique Etienne Daho expose son absence de voix devant le gros du public, la petite scène est occupée par l'Américano-Française Brisa Roché. La performance vaut largement le coup d'oeil, à la limite entre la chanson et la pantomime. Toute en noir, cheveux corbeaux et la taille serrée par une étrange chaîne qui ressemble à une ceinture de chasteté, Brisa trace d'amples gestes à chacun de ses mots. Si elle chante le mot arbre, elle vous dessine un arbre avec les mains. C'est très curieux mais assez convaincant ; car la chose tient musicalement la route, et peut-être aussi parce que les gens fous et passionnés sont toujours sympathiques.
Brisa Roché - Heavy dreaming
(Myspace / acheter Takes chez Gibert-Joseph)
Les Go ! Team
Petit détour en conférence de presse, je trempe mes lèvres dans la bouteille de jus de choucroute offerte aux journalistes par la rigolote Camille, puis je me rends en me frottant les mains au concert des Go ! Team. Car voilà un concert qui promet bien du funk.
La jolie chanteuse noire du groupe arrive avec sa jupe trop courte. C'est une véritable pile électrique ; peut-être une ancienne go-go-danseuse ou une prof de gym tonique, je ne n'en sais rien, mais elle nous offre une chorégraphie des plus dynamiques.
Le bémol, c'est le réglage du son : le chant n'est pas suffisamment mis en avant. Ça, de toute façon, c'est le mal récurrent de 73% des concerts de rock. C'est même étonnant si l'on pense au temps que mettent à chaque fois les roadies pour régler le son ... Enfin bon, si ça permet de créer des emplois...
Cela mis à part, la musique des Go ! Team est fantastiquement entraînante. Avec 2 batteries derrière et des samples, c'est une sorte de funk syncopé et rehaussé par les choeurs de deux Asiatiques. À certains moments, tous les membres du groupe bondissent ensemble à la manière d'un Pete Townsend sous amphétamine.
Je me répète certainement mais : mouvement, action, gestuelle, il n'y a que cela de vrai !
Go ! Team - Ladyflash
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Les Gossip
Il fallait le mériter ce concert en dernière partie de nuit. Il fallait supporter des remix de DJ en bois puis avaler le concert Matmatah qui, mauvaise idée, a décidé de se mettre au rock progressif (rassurez-vous : c'était leur concert d'adieu). Avant ça, les organisateurs avaient eu la mauvaise idée d'inclure un spectacle de Gad Elmaleh. Je dis mauvaise idée car, contrairement à un spectacle en salle, le public ne rit pas aux Vieilles Charrues ; il se contente de sourire. Or, voir Gad se démener devant un public silencieux produit une sorte de malaise, assez dérangeant en fait.
Il fallait donc le mériter ce concert des Gossip mais, vache de chez vache, qu'est-ce que ça valait le coup !
Les Gossip, pour ceux qui ne connaissent pas encore, c'est une chanteuse qui, outre le fait de peser deux quintaux, possède la voix d'Aretha Franklin et la pêche d'Iggy Pop. C'est absolument dément, surtout que les morceaux sont efficaces et assurés par une section rythmique sobre, classe et grouve. Le public, lui, est hystérique, complètement, comme rarement j'ai pu en voir.
Beth Ditto, puisque tel est le nom de la chanteuse, hurle, se roule par terre, agite ses bourrelets dans tous les sens, à tel point qu'on se demande s'il lui restera plus de 50 kilos l'année prochaine.
Cette fille est assurément l'un des personnages les plus charismatiques de la scène musicale actuelle. Et pour ceux qui riraient de la voir intégrée dans le classement des personnalités les plus sexy du rock établi par le NME : allez donc la voir en concert !
Gossip - Standing in the way of control
(site / acheter Standing in the way of control sur Amazon)
(Voir le début du concert sur le site des Vieilles Charrues)
Mouvements et accoutrements, voilà ce qu'il faudra retenir des Vieilles Charrues 2008.
Photos : F. Villemin
samedi 2 août 2008
Vivent les vacances !
lundi 14 juillet 2008
Les Television Personalities (et leurs satellites)
Éternels perdants, méprisés par les journalistes, les Television Personalities ont pourtant réussi un sacré tour de force : rendre poignantes et intelligentes des chansons enregistrées, on le sent, avec trois bouts de ficelles.
Influencés à la fois par la pop psychédélique des premiers Pink Floyd, le folk allumé de Syd Barrett et le son mod des Creation ou des Who, les Television Personalities possédaient une dernière corde dans leur arc sixtise : le talent de parolier de Dan Treacy, anglais jusqu'au bout des ongles et digne héritier des Kinks.
En effet, et on pourra s'en rendre compte au fur et à mesure de cet article, les morceaux écrits par ce groupe tracent une sorte de symétrie avec les chansons jouées 10 années auparavant par Ray Davies. On y retrouve cette observation amusée des moeurs contemporaines, mais également cette frustration sociale, teintée d'un je-ne-sais-quoi de nostalgie.
Pour le reste, le son des Television Personalities pourrait se définir comme du psychédélisme de cuisine, c'est-à-dire une pop influencée par la glorieuse production 60s mais avec une patine légèrement étouffée qui semble rappeler le manque de moyens du groupe ; un style non dénié de charme malgré tout.
Petit retour en arrière sur les débuts des Television Personalities ainsi que sur les autres formations dans lesquelles les membres du groupe gravitaient :
1977 : c'est la déferlante punk. Enthousiasmés, deux élèves du lycée catholique de Fulham décident de monter un groupe. Ils ne savent pas jouer ? Qu'à cela ne tienne, ils apprendront sur le tas. Ils se nomment Dan Treacy et Ed Ball, s'ennuient ferme dans leur cité HLM de King's road et comptent bien en faire le sujet de leur premier enregistrement, «14th floor» :
«Je surplombe Londres mais je n'y vois pas grand chose, parce que j'habite tellement haut que tout me paraît minuscule. Je suis énervé car l'ascenseur est encore en panne et, chaque fois que je rentre du boulot, j'ai 14 étages à me taper [...] Le 14e étage : c'est juste un numéro de HLM. Le 14e étage : il n'y a rien à faire ici. Le 14e étage : ça fait 7 ans que j'y vis là mais j'y connais toujours personne. Je crois bien que le mec à côté est Jamaïcain».
Ces paroles ressemblent étonnamment à celles qui fleuriront, 20 ans plus tard et presque systématiquement, dans le hip-hop français. A la différence près qu'elles sont chantées ici avec un détachement amusé et tout britannique, presque d'une façon enjouée et enfantine. Et puisque je vous disais que les chansons du groupe étaient des réponses aux morceaux des Kinks, j'affirme que celle-ci est le «Dead-end street» des Television personalities.
Le disque, ou la démo ai-je envie de dire au vu de sa qualité, est envoyé à John Peel, l'inoubliable animateur de la BBC Radio 1. Convaincu, celui-ci diffuse le morceau et lit l'appel du groupe, priant un producteur de bien vouloir les enregistrer avec un son plus correct.
«14th floor» fut repris un an plus tard par leurs amis des Swell Maps dans une version mémorable si l'on considère qu'il s'agit de la seule chanson au monde comportant un solo joué avec une langue de belle mère (ce sont les pseudo-instruments que l'on trouve dans les paquets de cotillons et qui font «Trwoooooouïnt» quand on souffle dedans).
Leur carrière lancée, les Television Personalities se firent maintenant la spécialité des chansons à l'humour sarcastique, symbolisées par «Part-time punks» (1978) («Ils écoutent leur disque très fort et pogotent devant le miroir de leur chambre ; mais seulement quand leur maman n'est pas là [...] Les voilà : ce sont les punks à temps partiel !»). Impossible cette fois de ne pas songer au «Dedicated follower of fashion» des Kinks : cette descente en règle des poseurs et des suivistes de tous poils.
1981, après une flopée de singles, un premier album sortit enfin : And don't the kids just love it. Le disque était une merveille, une succession de chansons accrocheuses, gorgées d'humour et de narration kinksienne.
On y trouvait ainsi «Geoffrey Ingram» (réponse au «David Watts» des Kinks), portrait d'un gosse-beau à qui tout réussit, «un gars qui arrive toujours chez lui au moment même où il commence à pleuvoir» :
«Moi et Geoffrey somment allés à un concert des Jam ; malheureusement, on est arrivé trop tard : la salle du Marquee était pleine alors qu'il n'était que huit heures cinq. Mais, et ne me demandez pas comment il s'y est pris, Geoffrey a réussi à nous faire admettre sur la liste des invités. Geoffrey est le genre de gars qui est bien au-dessus de tous ces petits tracas».
L'album comprenait également un morceau dont le seul titre est à l'origine d'un culte : «I know where Syd Barrett lives», hommage émouvant et sincère au premier chanteur du Pink Floyd, le génie devenu simplet à cause du LSD. Ce titre vaudra au groupe d'être invité par Pink Floyd pour une de leur première partie. Mais comme les Television Personalities étaient décidément des gens intenables, ils ne trouvèrent rien à faire de plus malin que de divulguer la véritable adresse de Syd Barrett à toute l'assistance. Inutile de préciser qu'il n'y eut pas de seconde date avec Pink Floyd.
Parallèlement à ces traits d'humour et à cette affection pour les références musicales ou cinématographiques («La grande illusion», «A picture of Dorian Gray»), l'album laissait toutefois paraître un profond désespoir.
Cette tendance à la noirceur, qui allait s'affirmer de plus en plus dans la discographie du groupe, transparaissait surtout dans un morceau fulgurant, un chef-d'oeuvre surgit de nulle part, une historiette bouleversante lacérée à la guitare : «World of Pauline Lewis».
Cette chanson, c'est l'histoire d'une adolescente miséreuse qui se réfugie dans son univers à elle, un monde dans lequel elle est mannequin, chaussée d'élégants petits souliers Ravel et délicatement poudrée de maquillage Mary Quant ; jusqu'à ce qu'elle finisse par se donner la mort, seule dans son lit, «car il n'était plus possible de faire semblant». Pour cette fois, il n'y a pas d'équivalent dans la discographie des Kinks ; rien d'aussi triste chez eux ; ni chez qui que ce soit dans le rock'n'roll.
Television Personalities - World of Pauline Lewis
(acheter And don't the kids just love it sur Amazon)
Parallèlement aux Television Personalities, le bassiste Ed Ball s'illustrait dans d'autres projets musicaux : O Level, Teenage Filmstars, les Times, dans lequel officiait également épisodiquement Dan Treacy.
Les compères produisirent ainsi un certain nombre de disques résolument inspirés par le Pop Art et la culture des années 1960 ; pour preuve, cet hymne à la série télévisée Le Prisonnier : «I helped Patrick McGoohan to escape», merveille déjà publiée sur Infrasons.
Teenage filmstars - I helped Patrick McGoohan to escape
(Mod Pop Punk archives)
Autre obsession pour Ed Ball : les Creation, groupe formidable des années 1960 dont, promis, je vous reparlerai un jour ; des gars qui affirmaient : «Notre musique est rouge, avec des éclairs violets»
Times - Red with purple flashes
(Mod Pop Punk archives / acheter Go ! With the Times sur Amazon)
Voilà, c'était ma façon à moi de rendre hommage à un groupe dont le talent n'a pas suffi à en faire des personnalités de la télévision.
lundi 7 juillet 2008
Nicole Atkins
dimanche 29 juin 2008
La minute yéyé (6) : Clothilde
jeudi 19 juin 2008
Les Coral
J'entends déjà les plus jeunes d'entre vous, l'esprit plein de rêves et de projets, me demander s'il est difficile de devenir le meilleur groupe du monde. Et bien non : il suffit de suivre la recette employée par nos amis les Coral.
Prenez tout d'abord un bout de papier et inscrivez-y des doubles-croches, des silences, quelques dièses ou blanches aussi par-ci par-là, jusqu'à obtenir une mélodie tellement belle qu'elle semblera évidente, mais tellement raffinée et délicate qu'on la pensera venue de la Lune.
Ensuite, pétrissez une rythmique simple et accrocheuse, parsemée d'arpèges ahurissants et de xylophones cristallins. Mais, et c'est là le moment le plus délicat de la recette, encore faut-il lier ces ingrédients, leur donner du corps. Pour cela, il existe un petit secret : quelques cuillérées d'intonations rudes mais mélancoliques, un timbre qui rappelle les briques rouges de Liverpool, les brumes de la Mersey mais aussi, et surtout, les Quatre Fabuleux, ceux qui chantaient les revolvers et les sergents au poivre. C'est cela le petit secret.
Une fois la chanson terminée, on en écrit douze autres, plus magnifiques encore ; l'opération devant être répétée une fois l'an.
Dernière chose, vous aiguiserez les appétits en plaçant chacune de ces friandises dans de jolies petites pochettes. Et le tour est joué !
Je vous le disais, ce n'est pas si compliqué d'être le meilleur groupe du monde. Fastoche ? Alors à vous de jouer !
Coral - Cobwebs
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Coral - Pass it on
(acheter Magic and medicine à la Fnac)
Coral - Dreaming of you
(acheter The Coral à la Fnac)
(site / Myspace)
Coral - Cobwebs
mercredi 11 juin 2008
Dring toy
Si vous aviez été étudiants il y a deux années dans la bonne ville de Rennes, le Centre Régional Information Jeunesse aurait pu vous remettre un «Sac à trucs». Je n'invente rien, cela s'appelait réellement comme ça, et c'était d'ailleurs un nom très judicieux puisqu'il désignait précisément un sac rempli de brics, de bracs et de choses aussi variées que différemment utiles.
Or, cet appétissant «Sac à trucs» contenait, entre autres, un petit disque intitulé Plus de volume, compilation d'artistes rennais. De prime abord, la programmation pouvait sembler un peu énervante avec, c'était palpable, la volonté des compilateurs de satisfaire tout le monde en y faisant figurer absolument tous les styles, sans aucun oubli : chanson française à l'accordéon, trip-hop, hip-hop, métalo-rock, pseudo-garage, reggae, ...
Tout cela me fait penser à ces Grecs ou ces Romains qui, dans l'Antiquité, étaient tenus de vénérer toute une myriade de divinités. Et si par malheur ils oubliaient un jour d'offrir un sacrifice à la déesse des orties ou de célébrer la fête du saint-protecteur des hannetons, les dieux entraient dans une colère folle et détruisaient leur ville ou maudissaient leur famille pour 12 générations.
Les gens du Centre Régional Information Jeunesse devaient également être de grands superstitieux, pensant que le dieu du rock guinguette ou l'esprit malin de l'électro-jazz allaient les punir s'ils n'intégraient pas leur style dans la compilation.
Enfin bon, je critique, je critique mais, au fond, il faudrait surtout rendre hommage à cette excellente initiative qui permet de découvrir quelques petites perles ; et notamment le morceau «Suspens» de Dring toy. Je ne vous surprendrai certainement pas en précisant que Dring toy est un groupe rennais ; peut-être un peu plus en ajoutant que leur musique me fait songer à un mélange de trip-hop, d'électro et de reggae. Enfin c'est extrêmement chouette, et ça m'a donné envie d'aller sur leur site écouter d'autres chansons.
Une chose est sûre en tout cas : il ne faut jamais mépriser les «Sac à trucs».
Dring toy - Suspens
Dring toy - Évasion barbare
Dring toy - Modulation
(site / Myspace / acheter Incoming contact chez Foutadawa)
Dring toy - Suspens
mardi 3 juin 2008
Jayne Mansfield (et Jimi Hendrix)
L'événement est toujours l'occasion de décortiquer les dernières tendances musicales, mais aussi d'observer les pratiques commerciales de la concurrence : quelle est par exemple la stratégie marketing de Sous les pavés la plage ou de Requiem pour un twister ? Quelles innovations graphiques sont en train d'être élaborées par People don't dance no more ou la Blogothèque ?
Jeunes consultants aux dents longues ou vieux cadres ventripotents, tous ne partagent qu'un objectif : conquérir de nouvelles parts de marché est faire d'Infrasons l'acteur de référence du secteur.
Or, ce matin, alors que la réunion du comité semblait s'éterniser en discussions houleuses et en désaccords sur la ligne directrice, le sous-directeur chargé de la Prospective proposa une idée qui ne tarda pas à faire consensus : «Aujourd'hui, expliqua-t-il, il n'y a pas de secret : si nous voulons attirer le chaland, il nous faut l'aguicher avec la photo d'une fille magnifique.»