lundi 12 mars 2012

Asphalt Jungle

J'ai dû écouter cette chanson 150 fois, 200 fois peut-être, et malgré toutes mes tentatives pour en décrypter, déchiffrer et décortiquer les paroles, je n'ai jamais compris un traître mot de ce que chante Patrick Eudeline. J'ai pourtant eu recours aux techniques les plus pointues : un dictionnaire sanskrit, une pierre de rosette, une machine de décodage allemand datant de la seconde guerre mondiale.

Mais peut-être faut-il avoir vu le film Qui êtes-vous Polly Magoo ? de William Klein pour déceler le sens du morceau ; ou peut-être a-t-on simplement à faire à une poésie surréaliste qui se libère de toutes contraintes liées à la syntaxe ou à la signification (après tout, la chanson sort la même année que «Ça plane pour moi», chef-d'œuvre d'absurdité s'il en est).

Intelligible ou pas, «Poly Magoo» fait partie de mes chansons françaises préférées et complète la liste de morceaux formidables issues du mouvement Punk de 1977 («A bout de souffle» de Marie et les Garçons, «Fier de ne rien faire» des Olievensteins ou «Betsy Party» de Starshooter).

Bien-sûr, on ne saurait parler de cette chanson et du groupe Asphalt Jungle sans évoquer son chanteur : Patrick Eudeline. Jeune journaliste pour le magazine musical Best, Eudeline s'évertua à passer de la théorie à la pratique en 1976 en montant un groupe et en enregistrant trois 45 tours, dont «Poly Magoo». Devenu l'un des principaux collaborateurs de Rock'n'Folk (où il côtoie l'inimitable Nicolas Ungemuth), il continue aujourd'hui à entretenir son image de dandy dépravé ; et pas uniquement dans ses articles : votre serviteur a eu l'immense privilège de le croiser un jour titubant sur un trottoir et s'affalant sur une poubelle verte siglée «Ville de Paris». Ou quand le mobilier urbain devient jungle de l'asphalte...

Perdus sous la pluie, un duffle-coat habille tous les mauvais garçons /
Tour à tour, ils se prennent, pour le fils de Bruce Lear [Bruce Lee ???] /

Quelque chose de bubble-gum, à chemin nos uniformes /
Habitude bien trop étrange. Poly Magoo partage /

Perdus sous la pluie, un duffle-coat habille, tu rencontres l'indifférence /
Tu radotes au talkie-walkie pour le fils de Bruce Lear /

Quelque chose de bubble-gum, à chemin nos uniformes /
Habitude bien trop étrange. Poly Magoo partage /

Perdus sous la pluie, un duffle-coat habille, SOS en espéranto /
Pour la horde de commandos, mais fixe un peu à noircir /

Quelque chose de bubble-gum, à chemin nos uniformes /
Habitude bien trop étrange. Poly Magoo partage/

Je veux être Poly Magoo, je veux être Poly Magoo, ...


Comprenne qui pourra ... Et si certains interprètent les paroles différemment, je serais heureux d'en débattre dans le cadre d'un colloque scientifique.

(extrait de la compilation Nos années Punk)