lundi 28 mars 2011

Bilan du Tournois des 6 Nations (en chansons)

Non content d'être le blog musical préféré des Français (enquête Médiamétrie, février 2011), Infrasons s'attaque cette semaine à la presse sportive. Compétiteurs dans l'âme, nous avons choisi de défier l'Équipe et le Midi Olympique sur leur terrain en vous proposant un bilan du dernier Tournoi des 6 Nations. Cette compétition immémoriale présentait un intérêt particulier cette année puisqu'elle permettait de jauger le niveau des équipes européennes quelques mois avant l'entame de la VIIe Coupe du monde de rugby.

Nos amis mélomanes peuvent toutefois se rassurer, ce bilan se fera en chansons. Mais pourquoi vouloir mélanger rock'n'roll et rugby, me direz-vous ? Eh bien, c'est qu'il s'agit de deux disciplines fort similaires : les Anglais nous battent toujours et les Italiens sont à chaque fois dans les choux.


1) Angleterre



Certes les Anglais ont laissé filé le Grand Chelem (c'est-à-dire la victoire contre les 5 autres nations participantes). Leur parcours leur a toutefois valu une première place très méritée. Seule équipe européenne à avoir déjà remporté la Coupe du monde (en 2003), le XV de la rose semble avoir retrouvé la réussite. Une nouvelle ère s'ouvre-t-elle pour l'Angleterre ?
Morceau choisi : «New Rose».

Damned - New Rose (1976)
(extrait de Damned Damned Damned)

Equipe type : Beatles - Kinks - Who - Pretty Things - Rolling Stones - Creation - Syd Barrett - Buzzcocks - Jam - Television Personalities - Prisoners - Billy Childish - Holly Golightly - Libertines - Coral
(note : l'Angleterre peut également compter sur un banc de remplaçants des plus impressionnants)


2) France


Une seconde place peut sembler honorable. Pourtant, la France a déçu avec deux défaites contre les Anglais et les Italiens. Surtout, le jeu pratiqué fut loin d'être enthousiasmant. La médiocre prestation des Bleus semble avoir sonné le glas d'une génération d'anciens (Chabal, Marconnet,...) qui, à bout de souffle, a été renvoyée à la maison par l'entraîneur.
Morceau choisi : «À bout de souffle»

Marie et les Garçons - À bout de souffle (1977)
(extrait du simple Rien à dire)

Equipe type : Boris Vian, Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, Clothilde, Marie et les Garçons, Plastic Bertrand, La Femme
(note : de fortes individualités, mais un collectif déficient)


3) Irlande


Le XV du trèfle n'a pas réalisé un brillant tournoi, loin s'en faut. Pourtant, la victoire contre l'ennemi anglais suffit au bonheur des Irlandais. Emmenée par ses vieux briscards (O'Driscoll, O'Gara,...), l'équipe a prouvé qu'elle restait dangereuse pour n'importe quel adversaire.
Morceau choisi : «The Irish Rover»

Dubliners & Pogues - The Irish Rover (1987)
(extrait de 25 Years Celebration)

Equipe type : Them - Undertones - Stiff Little Fingers - Outcasts - Dubliners - Pogues
(note : une équipe qui repose largement sur ses vieilles gloires)


4) Pays de Galles


Équipe enthousiasmante depuis quelques années, les diables rouges ne parviennent cependant pas à retrouver le niveau qui avait fait leur gloire dans les années 60-70. Toute sympathique qu'elle est, elle semble condamnée aux seconds rôles pour la Coupe du monde. Les supporteurs gallois pourront continuer à être nostalgiques.
Morceau choisi : «Stuck in the 60's»

El Goodo - Stuck in the 60's (2005)
(extrait de El Goodo)

Equipe type : Amen Corner - John Cale - Badfinger - Young Marble Giants -
Super Furry Animals - El Goodo
(note : une équipe trop gentille ?)


5) Écosse


L'Écosse n'y arrive décidément plus. 12 ans qu'elle se démène en fond de classement, luttant avec l'Italie pour éviter la dernière place. Non, vraiment, il n'y a rien à attendre de cette équipe ; l'exploit semble hors de portée.
Morceau choisi : «Something I Can't Have»

Jesus & Mary Chain - Something I Can't Have (1993)
(extrait de The Sound of Speed)

Equipe type : Beatstalkers - Stealers Wheel - Orange Juice - Jesus & Mary Chain - Primal Scream - Belle & Sebastian
(note : de vrais talents, mais un complexe d'infériorité face au voisin anglais)


6) Italie


Alors oui, bien-sûr, les Italiens terminent derniers du Tournoi. Ils n'ont pourtant pas démérité et se sont même offerts leur petit exploit personnel : une victoire contre la France (la première depuis que les Transalpins participent au Tournoi). Rome et son Capitole ont donc résisté à la vague gauloise !
Morceau choisi : «La città sommersa» («la cité submergée»)

Rangers - La città sommersa
(extrait de Mondo Hysterico, vol.2)

Equipe type : Black Watch, Rangers, Mojomatics
(note : les Italiens n'ont jamais su s'approprier vraiment le rock'n'roll)

mercredi 16 mars 2011

Los Brasilios

Il y a deux types d'écrivains. Le premier est l'écrivain avec un grand «É», reconnu et respecté ; porte-étendard de la littérature avec un grand «L», il peut s'arroger le titre d'artiste. Le second est le nègre, le gratte-papier anonyme qui, réduit aux basses besognes, se tue à la tâche pour répondre aux commandes de son employeur, dans le mépris et l'indifférence les plus assourdissants.

[là vous êtes censés verser une larme]

Dans l'industrie musicale, c'est-à-peu près la même chose. Il y a les artistes, les vrais, ceux dont chaque extrait de la discographie constitue un quartier de noblesse. Et puis il y a les musiciens de studio, ceux à qui les maisons de disque font enregistrer des chapelets de chansons à la va-vite. Rarement crédités sur les pochettes d'album, ces groupes fantoches se retrouvent sur des disques appelés «Rythmes du soleil : apprenons la Samba», «Chants traditionnels marins», «Magie des Andes : 15 grands succès interprétés à la flûte de Pan», «Esprit zen, collection Nature et Découverte» et tout un tas d'autres disques qui emplissent les bandes-sons d'ascenseurs.

Ces «produits musicaux» concoctés par des margoulins sans scrupules ne valent généralement pas un clou ; ni même un morceau de patafix. Pourtant, par on ne sait trop quel miracle, ils révèlent parfois d'étonnantes petites gemmes. C'est le cas des Rythmes Brésiliens de 67, album interprété par les Brasilios.

Autant dire que l'on ne sait pas grand chose sur ces Brasilios. Quelques internautes ont bien tenté une investigation mais, à part rappeler que l'album a été enregistré en 1967 sous la houlette des Design Records, leur contribution se limite à des suppositions : «Faux groupe brésilien», avancent certains, «Musiciens sud-américains hispanophones», se risquent d'autres. Nous ne saurons jamais.

Mais le plus important n'est pas là. Retenons seulement que leur morceau «No te esconde», petite samba mâtinée de jazz, est fabuleux avec son rythme incroyable et ses «Tchi-tchi-tchi» entraînants.

Los Brasilios - No te esconde
(extrait de Rythmes brésiliens de 67)