dimanche 28 février 2010

Quelques souvenirs des années 2000 (partie 1/4)

(illustration : Kerascoët)

Infrasons vous l'avait promis : voici la sélection des 50 meilleurs morceaux de la décennie 2000, celle que nous pourrons envoyer dans l'espace avec un message destiné aux extra-terrestres : «Ne nous détruisez pas : on fait des trucs supers sur la Terre».


White Stripes - You're Pretty Good Looking (For a Girl) (2000)

An de grâce 2000 : Coldplay, U2 et le nu-metal exercent leur tyrannie sur le monde. Pourtant, dans les bas-fonds de Détroit, quelques poches de résistance s'organisent. Revêtus de leurs couleurs de guerre stendhaliennes (rouge, blanc et noir), Jack et Meg White aiguisent tranquillement leurs armes, prêts à électrocuter l'ennemi. Ils n'attendent qu'un signal, un seul, pour lancer leur croisade et chasser les affreux.

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Go -Peacok Angel (2001)

Juste avant de former les White Stripes, Jack White officiait comme guitariste chez les Go. Deux années après son départ, le groupe enregistre son second album : Free Electricity. Une mésentente avec le label Sub Pop empêche malheureusement le disque de sortir, nous privant alors de l'hypnotisant «Peacock Angel». Dommage, John Lennon avait spécialement ressuscité ce jour-là pour chanter sur le morceau...



Dirtbombs - Just Livin' for the City (2001)

Pour comprendre l'origine de ce mouvement néo-garage ou néo-rock'n'roll né à Détroit, il faut remonter aux Dirtbombs. Depuis les années 1990, les membres du groupe (Mick Collins, Pat Pantano, Jim Diamond) ont en effet méthodiquement organisé la scène locale en créant, produisant et fédérant une multitude de groupes. Nombre de musiciens ont également fait leurs premières armes chez les Dirtbombs avant de prendre leur envol et de monter leur groupe.

Il était normal, donc, que les Dirtbombs acquièrent une reconnaissance. Chose qui fut faite grâce à Ultraglide in Black, album de reprises soul jouées avec une énergie toute garage.

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Ko & les Knockouts - Black and Blue (2001)

Détroit encore et toujours. Les Knockouts symbolisent bien l'esprit et l'émulation qui régnait à cette époque sur la scène locale. Chaque musicien jouait en effet dans deux ou trois formations qui passaient leur temps à se croiser et s'entrecroiser, Ko Shih (la chanteuse) continuant par exemple d'officier chez les Dirtbombs.

Un seul album a suffi au groupe pour nous livrer cette merveille de pop explosive, «Black and Blue», un truc qui aurait pu être écrit en 1965 par les Who. Ce qui vaut tous les gages de qualité.

(article Infrasons / acheter Ko and the Knockouts sur Amazon)


Strokes - Soma (2001)

Tout sympathiques qu'ils sont, les rockeurs de Détroit ne peuvent mener la révolution musicale à eux-seuls. Trop moches, trop prolétaires, il leur est nécessaire de s'allier avec la noblesse pour combattre la bourgeoisie.

La mèche ne peut prendre qu'avec du clinquant, de l'urbain, du futile, de l'arrogance. Bref, l'étincelle ne peut éclater qu'à New-York. Et lorsque les deux tours jumelles s'effondrent, les croches, les triolets, les blanches et les noires tenus prisonniers depuis 1977 (Ramones, Blondie, Talking Heads, Marbles, Television) s'échappent pour se répandre à travers la ville. Premiers à s'en saisir, les Strokes ravivent la flamme et défraient la chronique.

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Sharon Jones et les Dap-Kings - Make It Good to Me (2001)

Autre groupe basé à New-York, les Dap-Kings ont, d'une certaine manière et malgré un registre différent, bénéficié de la vague «retour aux sources» initiée par les Strokes.

Car Sharon Jones et son groupe nous servent une soul toute droit sortie des années 1960 ou 1970, avec une ligne de basse d'un funk absolu et une voix dotée d'une superpuissance proprement ahurissante.

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Black Heart Procession - Between the Machines (2001)

Il n'y a pas que le rock garage et l'axe musical New-York/Détroit dans la vie. Il y a aussi les expérimentations glacées des (bizarrement) Californiens de la Black Heart Procession.

«Between the Machines» c'est une chanson qui pourrait être l'hymne officiel du Trans-sibérien ou de l'express Drancy-Birkenau. Le morceau est cependant empli de beauté, et provient d'un 45 tours presque introuvable.

(site)


Brigitte Fontaine et M - Les zazous (2001)

Qui a dit que la France craignait les Strokes et les White Stripes ? Nous aussi on sait faire des trucs chouettes !
En France, traditions vianesque, gainsbourienne et dutronesque obligent, on aime le rock que s'il est rigolo. La malice des paroles prévaut sur la composition mélodique. Aussi, lorsque, par bonheur, qualité musicale et drôlerie des textes se rejoignent, il faut savoir en profiter.

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Pendletones - Everybody Knows (2001)

Durant la décennie 2000, la Suède a cessé d'exister, préférant devenir le 51e membre des Etats-Unis d'Amérique ou le 55e membre du Commonwealth.

Cette manie de singer le rock anglo-saxon a révélé malgré tout une multitude d'excellents groupes. On pense bien-sûr aux talentueux Hives, mais Infrasons a préféré sélectionner un morceau des obscurs Pendletones. Car cet imparable «Everybody Knows» est si enjoué qu'il vous donnera du baume au cœur pour toute une année.

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Cody Chenutt - When I Find Time (2002)

Au début de la décennie, les Américains étaient vraiment les plus forts ; et dans tous les domaines.

Même quand il s'agissait de chanter une soul inspirée, ils pouvaient compter sur Cody Chesnutt (sorte de Ben Harper mais plus talentueux). Seul dans sa chambre d'hôtel, il parvenait à enregistrer une des meilleures chansons de la décennie.

(article Infrasons / acheter The Headphone Masterpiece à la Fnac)


Beth Gibbons - Mysteries (2002)

A bien y réfléchir, Portishead est l'un des derniers groupes à avoir véritablement innové dans le domaine de la Pop. Et au moins autant que sa créativité, sa capacité à écrire des chansons magnifiques a de quoi impressionner.

Aussi, lorsque la chanteuse du groupe (Beth Gibbons) sort un album solo, on ne peut que s'y intéresser. «Mysteries», qui introduit le disque, tient bien son nom tant la chanson révèle une beauté mystérieuse et envoûtante ; pas si éloignée de Portishead en réalité, mais plus mélancolique.

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Warlocks - Baby Blue (2002)

Avant d'être le fief des punks en bermuda, la Californie était réputée pour sa scène psychédélique. Il est logique, en ce sens, qu'une vague de jeunes éberlués de la côte ouest (Brian Jonestown Massacre, Dandy Warhols, Warlocks) choisisse de réemprunter les chemins escarpés et colorés arpentés par leurs aînés.

Toutefois, le psychédélisme ne peut plus être béat dans les années 2000. La dure réalité de notre époque le rend nécessairement torturé, comme le prouvent les enregistrements des Warlocks.

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Libertines - I Get Along (2002)

Humiliée, défaite, réduite au silence, la Grande Bretagne avait assisté impuissante à l'explosion de la vague New-York/Détroit. Pays des Beatles, des Stones, des Kinks, des Who, des Clash, des Buzzcocks, des Jam, de la Brit-pop, comment avait-elle pu céder si facilement face aux hordes de yankees mal dégrossis ?

Mais l'Angleterre est éternelle, et la Blitzkrieg (Bop) ne fait plus peur aux sujets de Sa Royale Majesté. Alors il suffit que quatre jeunes dépravés prennent les armes pour que toute une nation se relève, saisisse des guitares et s'engouffre dans la voie du rock'n'roll. Art Brut, Little Man Tate, Lurios, Arctic Monkeys et 10 000 autres sous-Beatles à frange. C'était reparti comme en 40 !

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White Stripes


(lire la partie 2)
(lire la partie 3)
(lire la partie 4)