lundi 14 novembre 2011

Aislers Set


Lorsque Infrasons fut créé, il y a quatre ans, il était évident que le Aislers Set serait parmi les premiers groupes à être chroniqués. Différé de mois en mois, l'article n'est toutefois jamais paru.

Ce ne sont ni l'envie ni le temps qui nous ont manqué pour vous en parler, mais la peur de mal faire. Car le Aislers Set doit être abordé avec respect, déférence et humilité ; quelques lignes écrites à la va-vite ne sauraient rendre compte de la qualité du groupe. Nous parlons en effet d'une formation qui, de 1997 à 2003, pouvait s'arroger le titre de meilleur groupe du monde et réussissait à mettre K.O. tous ses adversaires, y compris les plus talentueux.

Commençons par les détails généalogiques. Originaire de San Francisco, le Aislers Set fut fondé et emmené par Amy Linton, ex-chanteuse de Henry's Dress (groupe dont elle partageait la tête avec Matt Hartman, personnage que l'on retrouva par la suite chez les excellents How et Sic Alps). Avec le recul, il est amusant de constater que ce groupe a préfiguré toute la scène san-franciscaine qui nous enchante depuis deux ou trois ans (Bare Wires, Oh Sees, Ty Segall, Fresh & Onlys,...), preuve que les meilleurs groupes germent souvent sur les terreaux les plus fertiles.

La force du Aislers Set est de parvenir à recréer avec brio le son des Girl Groups 60s et des productions de Phil Spector tout en en gommant les boursoufflures et les aspects les plus indigestes. Chaque morceau révèle un heureux arrangement de clochettes, de xylophones et de claquements de main, d'où s'échappe la voix cerclée d'échos d'Amy Linton. Le groupe parvient toutefois à se défaire du simple pastiche rétro en insufflant à sa musique de légères tensions et saturations évoquant les Jesus & Mary Chain.

Le Aislers Set sait surtout surprendre son auditeur grâce à des ruptures délicates de clefs ou d'accords, souvent soulignées par l'apparition de nouveaux instruments (la trompette notamment), permettant aux morceaux de prendre leur envol et de se déployer, couplet après couplet. Le génie du groupe tient également à son utilisation du silence, savamment dosé, qui souligne les mélodies et insuffle une intensité décuplée aux chansons. On ne le dit pas assez, mais le silence est parfois le plus bel instrument.

How I Learned to Write Backwards, troisième est dernier album du groupe apparaît comme l'aboutissement de cette production léchée, élégante et empreinte de mélancolie. Ces deux extraits, qui siéent parfaitement à l'ambiance automnale du moment, devraient suffire à vous en convaincre.

Aislers Set - Catherine Says (2003)
Aislers Set - Melody Not Malaise (2003)
(extraits de How I Learned to Write Backwards sorti chez Slumberland)

La discographie du Aislers Set recèle également quelques morceaux plus «bubble-gums». Les Ramones n'auraient pas renié par exemple l'enjoué «My Boyfriend (Could Be A Spanish Man)» qui figure sur le premier album.

Aislers Set - My Boyfriend (Could Be A Spanish Man) (1998)
(extrait de Terrible Things Happen sorti chez Slumberland)

En dehors des trois albums, le groupe s'est également amusé à sortir des 45 tours imitant à la perfection la production des années 60. Le résultat est proprement stupéfiant, un morceau comme «Hey Lover» semblant avoir été interprété par les Shangri-las.

Aislers Set - Hey Lover (2000)
(extrait d'un 45 tours partagé avec les excellents How)

Pour conclure, je vous invite à vous rendre sur le site du groupe ainsi que sur celui de leur label (Slumberland Records) ; tous deux proposent un grand nombre de MP3 à écouter et télécharger, chose des plus appréciables pour un groupe aussi doué que le Aislers Set.