mardi 31 janvier 2012

Les quasi-Beatles

Je ne suis pas assez fou pour vouloir analyser en profondeur l'influence exercée par les Beatles sur la production musicale des quarante dernières années. L'entreprise serait évidemment trop fastidieuse et reviendrait, grosso modo, à étudier l'impact du soleil sur le climat terrestre.

C'est donc à un exercice plus modeste (et plus amusant) que je vais me livrer aujourd'hui : sélectionner des morceaux qui ressemblent à s'y méprendre à des chansons des Beatles, tant par leur composition que par leurs arrangements instrumentaux et vocaux. La ressemblance avec le groupe de Livepool est si frappante sur les morceaux choisis qu'il serait préférable de parler d'hommage plutôt que d'influence. Et je tiens à préciser que ce côté «pastiche» ne me dérange pas outre mesure ; l'originalité à tout prix n'ayant jamais été un gage de qualité et un hommage bien ciselé valant toujours mieux qu'une expérimentation casse-oreilles.

Note : j'ai délibérément choisi de ne pas faire figurer de groupes contemporains des Beatles (Swingin' Blue Jeans, Monkees,...) dans cette sélection car l'abondance de «copies» des Beatles à cette époque aurait rendu la liste interminable !


Badfinger - Come and Get It (1969)
(extrait du 45t Come and Get It)

À tout seigneur tout honneur, Badfinger se doit de figurer en tête de notre sélection. Largement oubliés aujourd'hui, les Gallois avaient pourtant été «adoubés» par les Beatles qui voyaient en eux leurs successeurs, au point de les signer sur leur maison de disques (appelée Apple mais qui n'a rien à voir avec Steve Jobs).

Afin de donner un coup de pousse à leur carrière, Paul McCartney leur offrit même «Come and Get It», morceau dont il avait enregistré une (superbe) démo quelques mois auparavant, seul en studio et en moins d'une heure chrono. La chanson fut un succès et précéda deux-trois tubes ... avant que les ventes ne s'étiolent et que des problèmes juridiques ne minent le groupe ; jusqu'à provoquer le suicide du bassiste et du guitariste/claviériste. Un joli gâchis.


Rutles - I Must Be in Love (1978)
(extrait de The Rutles)

Impossible d'évoquer l'influence des Beatles sans évoquer les Rutles, groupe fictif créé par Eric Idle et Neil Innes (membres des Monty Python) dans leur célèbre documentaire pastiche. Car en dépit de l'esprit potache dans lequel a été réalisé ce film, un soin tout particulier a été apporté à la bande son, à tel poins que les chansons semblent parfois provenir de la discographie officielle des Beatles.


Spongetones - She Goes Out With Everybody (1982)
(extrait du 45t She Goes Out With Everybody)

Au début des années 80, les Spongetones faisaient partie de ces innombrables groupes «hommages» qui s'évertuent (encore aujourd'hui) à reprendre le répertoire des Beatles dans les bars, les bal et les kermesses.

Mais doté d'un indéniable talent, le groupe de Caroline du Nord vola rapidement de ses ailes et commença à écrire ses propres morceaux, avec un son très proche de celui des Beatles dans leur période 1963-64 ; de quoi ravir tous les amateurs de guitares Rickenbacker (au son si carillonnant) et de choeurs estampillés Liverpool.


Pussywillows - Hold My Hand (1990)
(extrait de la compilation Rutles Highway Revisited)

Et oui : les filles aussi peuvent sonner comme les Beatles ! Et même comme les Rutles (lire plus haut) puisque les Pussywillows reprirent en 1990 une chanson de ce groupe pastiche qui lui même s'évertuait à ressembler aux Beatles (l'arroseur arrosé en somme). Quoi qu'il en soit, cette version est on ne peut plus charmante et donne un avant-goût de ce que sera la carrière d'April March (alors membre du groupe). Celle-ci fera en effet parler d'elle quelques années plus tard avec le morceau «Chick Habbit» (reprise de «Laisse tomber les filles») et l'album Triggers.


Kaisers - She's Gonna Two Time (1994)
(extrait du 45t She's Gonna Two Time)

En pleine période Britpop (Oasis, Blur et consorts), rares étaient les gens à s'intéresser à ces Écossais. Mal leur en prenait, car les Kaisers étaient réputés pour leurs excellentes prestations scéniques. A la manière des Milkshakes, ils excellaient dans un style Merseybeat/R'n'B qui rappelait les concerts sauvages donnés par les Beatles au Kaiserskeller de Hambourg ou à la Cavern de Liverpool. D'ailleurs, y a-t-il un lien entre les Kaisers et la Kaiserskeller ? Mystère.


Go - She's Prettiest When She Cries (2007)
(extrait de Howl on the Haunted Beat You Ride)

Ce n'est pas la première fois que l'on évoque les Go sur Infrasons (lire cet article-ci et aussi celui-là). Rien d'étonnant puisqu'il s'agit de l'un des tous meilleurs groupes de ces 15 dernières années. Contrairement aux cinq autres formations présentées dans cet article, les Go n'étaient pas obnubilés corps et âmes par les Quatre Gars de Liverpool et disposaient d'une palette sonore bien plus large. L'influence Beatlesque apparaît surtout sur leur dernier album (l'extraordinaire Howl on the Haunted Beat You Ride). Piano McCartneysien, voix Lennoniennes, mélodies sublimes : les Go signaient là leur chef-d'œuvre.