samedi 29 septembre 2007

Les Go


Etrange groupe que les Go. A l'image des Birds dont on ne se souvient que parce qu'ils ont accueilli un futur Rolling Stone (Ron Wood), les Go sont souvent réduits, sous la plume des chroniqueurs, au statut de premier groupe dans lequel Jack White (futur White Stripe) a exercé ses talents de guitariste. C'était l'espace d'un seul album (le premier) : Whatcha doin', sorti en 1999, avant que Jack s'en aille trouver la gloire avec sa femme-soeur.
Les Go, eux, sont restés ce qu' ils étaient : un petit groupe de Detroit, à l'ombre de l'agitation médiatique. Et pourtant, ô combien ils peuvent être adulés par une poignée de connaiseurs ; car les Go manient avec un talent rare un rhythm' n' blues aux accents psychédéliques, comme le prouvent les deux morceaux postés ici.
"You can get high", tout d'abord, est extrait de ce fameux premier album avec Jack White. Riff de blues imparable joué avec l' énergie des Pretty Things, soulignement habile de la mélodie avec le "high" répété en choeurs, et montée finale à vous électrifier l'épine dorsale : voilà pour résumer.
Quant à "Peacock angel", il est tout bonnement incroyable que ce chef-d' oeuvre n' ait jamais été distribué. Extrait de l'album "Free electricity", enregistré en 2000 mais resté dans un palcard en raison de tensions entre le groupe et leur label de l' époque (Sub Pop). Comment la décrire? Un mur de fuzz onirique sur lequel se détache la voix de John Lennon. Enfin, quand je dis John Lennon, il s'agit plutôt de Bobby Harlow. Bien que le doute subsiste.
Go - You can get high (1999)

jeudi 27 septembre 2007

Mise en garde

Je me rends compte que j'ai mis des liens (même temporaires) vers des pages permettant l'écoute mais également le téléchargement des MP3 et ce, sans avoir mis en garde les ineternautes des dangers qu'ils encouraient. Un bon dessin valant mieux qu'un long discours, veuillez considérer le mal comme réparé.


La minute Yéyé (1)


Régulièrement, je vous présenterai quelques pépites francophones des années 1960. Aarrrgl, du Yéyé, vous entends-je déjà crier! Oui, car trop peu le savent, le yéyé est un monde merveilleux et une source intarissable de diamants. Evidemment, c'est aussi un monde rempli de niaiseries, de rythmes mollassons, de chanteurs qui ne devraient pas l'être, de reprises-massacres et j'en passe. Mais c'est précisément là que repose l'aspect jouissif : trouver un bon morceau yéyé c'est comme trouver une pépite d'or dans la Deule ; c'est inattendu et ça n'en a que plus de valeur.
Par quoi commencer ? La meilleure introduction est, à mes yeux, Dani qui, à égalité avec Clothilde, mériterait de se voir décerner le titre de "championne du monde des chanteuses de yéyé de l'univers", rien de moins.
Mannequin et égérie des années 1960, ses premières chansons jouent sur son look de garçonne ("Garçon manqué", "La fille à la moto"). Image qu'elle confirme avec un enragé "La machine". Par la suite, sa voix un peu rauque (style celle qui en a vu de toutes les couleurs et qui est revenu du diable vauvert, ce qui n'est pas faux vu les problèmes qu'elle connaîtra, notamment à cause de la drogue) est mise au service de superbes chansons, bien produites, bien écrites ; bref, de la variété française telle qu'elle serait dans un monde idéal.

Dani - La fille à la moto
Dani - Quand ça t'arrange

Le son du Medway (1)

A l'est de l'Angleterre se trouve un petit morceau de terre appelé le Medway, à l'embouchure de la rivière du même nom. Ce lieu vit l'émergence d'une scène musicale tout à fait unique à la fin des années 1970 et au début des années 1980 Elle continue, aujourd'hui encore, à faire des émules.

Billy Childish

Personnage hors du commun, Billy Childish est le symbole de cette scène. Dyslexique et issu d'un milieu ... euh, difficile (victime d'abus sexuels durant son enfance de la part d'un ami de la famille ; et comme il le raonte lui-même: "j'ai tabassé mon père à sa sortie de prison (pour trafic de drogue)"). Après s'être essayé à quelques petits boulots (tailleur de pierres, brancardier pour un hôpital psychiatrique), ses peintures lui valent d'intégrer une "art school"... de laquelle il est vite renvoyé. Outre la peinture, Billy s'essaie à différentes formes d'art, formant ainsi les Medway Poets et montant, en plein mouvement punk (1977), son premier groupe musical : les Pop Rivets.


Qu' a fait Billy ces 20 dernières années ? Il est resté dans sa petite ville de Chatham, multipliant les projets musicaux à une cadence record (au moins une centaine d'albums à son actif). Entre deux enregistrements, il peint (fondateur du mouvement Stuckiste), écrit des livres et des receuils de poèmes, misant toujours sur la spontanéité plutôt que sur une démarche artistique longuement réfléchie et re-re-réfléchie.


Son oeuvre fut longtemps produite dans l'indifférence la plus générale, seules les allocations chômage lui ayant permis de vivoter durant 15 ans. Et puis, petit à petit, plusieurs grands de ce monde ont évoqué leur admiration pour ce personnage (et même Kylie Minogue!), contribuant à en faire un artiste culte, adulé par l'ensemble de la scène garage.


Parmi les multiples groupes auxquels il fut aux commandes, il enregistra en 1988 "Who could be proud" sous le nom de Jack Ketch and the Crowmen. Qui était Jack Ketch, me direz-vous? Un célèbre bourreau du XVIIe siècle. Réputé pour son sadisme ... et pour son perfectionnisme (cinq coups de hache et une finition au couteau pour exécuter le duc de Monmouth).


Billy Childish (Jack Ketch and the Crowmen) - Who could be proud (1988)

Les Prisoners




Aux côtés des Milkshakes (emmenés par Billy Childish), un autre groupe a fait son chemin au début des années 1980 : les Prisoners. Vénéré par les Mods, il s'agit peut-être, tout simplement, du meilleur groupe de la décennie. Il parvient à associer des mélodies lumineuses au timbre élégamment "northern soul" de Graham Day, à l'orgue explosif de James Taylor et, plus généralement, à une maîtrise instrumentale sans faille. Rarement sont mélangés avec tant de brio psychédélisme, groove, garage et Pop (avec un grand P comme Prisoners).


Prisoners - (Thinking of you) Broken pieces (1985)



Holly Golighly




Jamais à cours d'idées, notre ami Billy Chidlish a associé à ses combos des versions "féminines" (les Delmonas puis les Headcoatees). Le principe est simple : on prend les petites amies des membres du groupe, on les met devant les micros et on imite joyeusement les Girl Groups des années 1960.
Parmi ces donzelles, l'une a percé depuis, réalisant une carrière solo plus que remarquable: Holly Golightly. Avec une voix tantôt gouailleuse et countysante, tantôt pure et éthérée, elle offre un mélange de rhythm'n'blues et de folk mâtiné de blues et de Girl groups. Surtout connue pour son duo avec les Whites Stripes ("It's true that we love one another") ou pour la B.O. de "Broken Flowers" de Jim Jarmusch, l'ensemble de son oeuvre mérite toutefois d'être écouté, Holly enregistrant et chantant toujours avec un talent sûr.


Holly Golightly - All around the houses

mercredi 26 septembre 2007

Evie Sands



Evie Sands, c'est Madame Malchance. Pourtant, tout aurait pu commencer pour le mieux. En 1965, le fameux duo de compositeurs Leiber-Stoller lui offre le merveilleux "Take me for a little while". Las, un être fourbe, à la solde d'une grande maison de disques de Chicago (Chess) se tient dans le studio, prêt à perpétrer un mauvais coup. Et lorsque personne ne fait attention à lui, il s'empare des bandes. En 48 heures seulement, Chess enregistre une version pour l'une des stars de la maison: Jackie Ross : le triomphe est immédiat.

Qu'à cela ne tienne, Evie a une autre cartouche : un affolant "I can't let go", prêt à conquérir toutes les ondes américaines. Mais rien n'y fait, le succès ne vient pas ; ou plutôt si : pour les Hollies qui, en 1966, reprennent la chason. C'est ensuite "Angel of the morning" qui est offert à un autre groupe (Merilee Rush & The Turnabouts).
Enfin, vous l'aurez compris, Evie Sands a dû laissé aux autres le succès qu'une voix hors du commun aurait dû lui assurer. Elle a l'air pourtant si heureuse à vélo sur la pochette de "Anyway that you want me". Car, après tout, la vie est belle.

Evie Sands - I can't let go