lundi 24 décembre 2007

Quelques souvenirs de 2007

C'est une tradition chez la plupart des blogs musicaux : le dernier message de l'année sert à récapituler ce qui s'est fait de mieux au cours des 12 derniers mois. Si cet exercice prend généralement la forme d'un classement de disques, je préfère m'en tenir à une simple liste de morceaux car, je ne le répéterai jamais assez, je suis amateur de chansons, rarement d'albums.
Deuxième chose, je ne prétends surtout pas donner une image définitive de ce qui s'est fait en 2007 : les découvertes musicales se faisant généralement une ou deux années à rebours (à moins de travailler dans l'univers musical, d'être un téléchargeur fou ou de lire plein de magazines spécialisés, il est difficile de se tenir au courant de ce qui sort et existe). Il faut donc considérer la liste qui suit comme un simple échantillon ; juste quelques chansons sur lesquelles j'ai eu la chance de tomber et qui m'ont bien plu.

Avec cette sélection, je souhaiterais néanmoins insister sur une chose : nous vivons une époque formidable. On peut toujours regretter de ne pas être en 1967 ou en 1977 mais, très honnêtement, rarement le rock'n'roll n'a été de si bonne qualité et aussi facilement accessible. En 2007, les Coral ont composé des chansons parmi les plus belles jamais écrites tandis que la fantastique Amy Winehouse pouvaient être entendue partout, même sur les radios les plus affreuses. Ceux qui ont allumé leur télé ont sûrement remarqué l'omniprésence du rock'n'roll dans les pubs télé ; c'est quelque chose qui, je pense, n'a pas de précédent. Et la distribution s'est mise au diapason : alors qu'il fallait fouiller tout Paris il y a quelques années pour dénicher un disque écoutable, tout est devenu plus facile ; que ce soit en ligne ou en boutique, la bonne musique n'a jamais été autant accessible.

N'ayons pas peur de le dire : le rock'n'roll est à la mode et la soul retrouve peu à peu ses lettres de noblesse. Évidemment, tout n'est question que de cycle. Si nous surfons en haut de cette vague grouve, la tendance va s'estomper. Dans 5 ans, tout sera fini. Les media ne jureront que par les nouvelles sonorités branchées : Jazztonik, Elecktrofolk, R'n'Z et plein d'autres noms ridicules. Alors profitons de la chance que nous avons aujourd'hui : faites des réserves de disque avant que la disette ne sévisse, précipitez-vous à tous les concerts avant qu'il ne soit trop tard et continuez à lire Infrasons.

Nicole Atkins - War torn
Le morceau théâtral et emphatique de l'année
(site / Myspace / acheter Neptune city sur Amazon)

Kevin Ayers - Cold shoulder
La perle pop délicate et touchante de l'année
(site / Myspace / acheter The unfairground sur Amazon)

Billy Childish & the Musicians of the British Empire - Joe Strummer' s grave
Le brûlot teigneux de l'année (voir la chronique précédente sur Infrasons)
(site / acheter Punk rock at the british legion hall chez Damaged goods)


Coral - Jacqueline
La plus belle chanson de l'année
(site / Myspace / acheter Roots and echoes à la Fnac)

Dadds - Je vais te manquer
La version française de l'année (voir chronique précédente sur Infrasons)
(Myspace / acheter Franch kiss à la Fnac)

Graham Day - Get off my track
L'intro rentre-dedans de l'année (voir chronique précédente sur Infrasons)
(Myspace / acheter Soundtrack to the daily grind chez Damaged goods)

Girls aloud - Fling
L'hymne dansant de l'année
(site / acheter Tangled up chez Amazon)

Gossip - Listen up!
La chanteuse la plus forte de l'année, dans tous les sens du terme
(Myspace / acheter Standing in the way of control chez Amazon)

Go! Team - Doing it right
Le morceau funk de l'année
(site / Myspace / acheter Proof of youth à la Fnac)

Micky Green - Oh
La chanson la plus appaisante de l'année
(Myspace / acheter White T-shirt à la Fnac)

Justice - D.A.N.C.E
Le rythme disco de l'année
(Myspace / acheter Justice à la Fnac)

La sucrerie girl-groups de l'année
(Myspace / acheter Stalking stills chez Fraction discs)

Little man tate - Sexy in latin
La chanson imparable de l'année
(site / Myspace / acheter About what you know sur Amazon)

Lucy & the Popsonics - Eu quero ser seu Tamagochi
Le meilleur morceau sur les Tamagotchis de l'année
(Myspace / acheter Fabula (ou a farsa) de dois eletropandas chez CDuniverse)

La meilleure chanson vue sur scène de l'année

Michelles - Springtime
Le titre joyeux de l'année
(site / Myspace / acheter Springtime à la Fnac)

La chanson anglaise de l'année

Yael Naim - New soul
La chanson de l'année pour aller courir dans les champs
(Myspace / acheter Yael Naim chez Tôt ou tard)

Candie Payne - I wish i could have loved you more
La chanteuse la plus charmante de l'année (voir chronique précédente sur Infrasons)
(site / Myspace / acheter I wish i could have loved you more à la Fnac)

Amy Winehouse & Mark Ronson - Valerie
La tuerie soul de l'année (voir chronique précédente sur Infrasons)
(site / acheter Version à la Fnac)

Joyeux noël et que Jésus soit avec vous!

lundi 17 décembre 2007

La minute yéyé (4) : Cléo / Violaine


Noël approche. Vous avez rédigé la liste des cadeaux à offrir à la famille et aux amis, puis celle des ingrédients pour les repas des 24 et 25. À cela s'ajoute une mauvaise surprise : en sortant le carton des décorations, vous découvrez que les belles guirlandes achetées l'année dernière ont perdu presque tous leurs poils brillants. Quelle camelote! Vous voilà bons pour en racheter.
Cette semaine, vous avez eu un travail monstre ; donc pas le temps de faire de courses. Alors c'est ce samedi la dernière occasion pour aller dans les grands magasins. Il va falloir se frayer un chemin dans la cohue ; d'abord se faufiler entre les gamins et les Japonais scotchés aux vitrines, puis dans les rayons au milieu des mères de familles nerveuses, stressées et désagréables. Bien sûr, il fera très froid dehors et vous aurez pris votre gros manteau...qui vous fera crever de chaud tout l'après-midi à l'intérieur des Galeries ou du Printemps
Alors vous vous rappellerez cette chanson ("Les fauves") dans laquelle Cléo raconte son calvaire, perdue au milieu des grands magasins et de leurs clients.

Cléo - Les fauves
(disponible sur la compilation Ultra chicks, Vol.1 dont vous trouverez des infos sur Bardotagogo)

Cléo, c'était un peu la version féminine de Jacques Dutronc. Le bonhomme lui avait même écrit cette chanson : "Et moi, et toi, et soie", dont le titre, la mélodie et les arrangements font inévitablement penser au "Et moi, et moi, et moi" : rythme sec, tranché et répétitif posées sur d'entraînantes descentes de basse. Le tout saupoudré de jeux de mots qui vont parfois chercher très loin ("sois pure, Hélène, il fait si froid"). Presque du Boby Lapointe, là!

Cléo - Et moi, et toi, et soie
(acheter Singing Paris à la Fnac)

Et puis comme le moment des cadeaux approche, je vous offre, comme ça, gratuitement, une autre perle yéyé, chantée par Violaine (vous remarquerez comme moi qu'un loi semble interdire aux chanteuses yéyé d'avoir un nom de famille). La donzelle en question n'a certainement pas la voix la plus mélodieuse du monde, mais c'est une véritable furie!
Pour la petite histoire, le morceau a été enregistré complètement à l'arrache. Ford avait signé un contrat avec Violaine pour des campagnes publicitaires, et exigé qu'elle sorte, incessamment, un 33 tours. Les paroles furent donc achevées dans le studio, juste avant l'enregistrement. Pire, les musiciens étaient en grève ce jour-là, d'où des arrangements qui ne correspondent pas à l'idée de départ. Mais ce côté improvisé et cette urgence contribuent à l'attrait du morceau : il y a quelque chose de punk là-dedans et, surtout, de franchement rigolo.
Pour finir, si j'étais historien, sociologue, ou quelque chose comme ça, cette chanson serait un matériau de recherche de premier ordre. Il symbolise assez bien les aspirations et les fantasmes des adolescents français au milieu des années 1960. Si, durant la décennie précédente, la jeunesse rêvait d'Amérique et de Cadillac, c'est désormais vers l'Angleterre, ses Austin Cooper et ses BSA qu'elle est rivée. Les Beatles sont passés par là.

(sur la compilation Ils sont fous ces Gaulois, Vol.3, trouvable d'occasion)

lundi 10 décembre 2007

Les Heptones

Été 1964, une chaleur torride écrase la Jamaïque. Pour les innombrables groupes de ska qui font danser l'île, c'est une catastrophe. À cours de salive, les lèvres des trompettistes restent collées à leur instrument, tandis que les doigts des guitaristes fondent sur l'acier ou le nickel brûlants des cordes. Rassurez-vous, je vous épargne le sort des malheureux batteurs!
Quand sur les pistes de danse des Sound systems le public s'effondre, vaincu par la fournaise, un mot d'ordre résonne de toute part : "il faut ralentir le rythme". Ce tempo moins rapide donne naissance à un nouveau courant musical : le rocksteady.

Les Heptones sont un des premiers groupes qui triomphent grâce ce mélange de ska et de soul américaine, plaçant "Fattie fattie" en tête des ventes en 1966. Ils sortent cette même année le fabuleux "Gunmen coming to town", une chanson reprenant un thème caractéristique de la musique jamaïcaine, celui des "rude boys" (dits aussi "rudies"), c'est-à-dire les voyous, ceux qui sèment la terreur dans les bidonvilles.
Seulement indépendant depuis 1962, le pays a bien mal négocié ses premières années d'autonomie. Le chômage y est alarmant, les conditions de vie déplorables et insalubres et, pour les innombrables adolescents des bidonvilles, la débrouille et la violence deviennent des issues naturelles. Le rocksteady est étroitement lié à cette pègre qui fournit aussi bien musiciens qu'hommes de main pour déstabiliser la concurrence. Des chansons bourgeonnent de partout pour vanter les exploits des "rudies", des gangs et de leurs flingues.
Au contraire, certains groupes, comme les Heptones, tentent de mettre un holà à cette escalade, dénonçant dans "Gunmen coming to town" les méfaits de voyous munis de pistolets et de crans d'arrêt. Heureusement, la cavalerie (ou plutôt la police jouant l'ouverture de "Guillaume Tell" à la trompette) finit par arriver et par mettre tout ce petit monde sous les verrous. Ouf!

Heptones - Gunmen coming to town
(acheter le coffret Trojan-Rude boy chez Amazon)

dimanche 2 décembre 2007

Biff! Bang! Pow!

Pif! Paf! Pouf! Aujourd'hui nous nous intéressons à Biff! Bang! Pow!, un petit label anglais qui vient de se faire racheter par Detour records. Vu le nom, on imagine que ses fondateurs ont trop écouté les Creation (qu'on n'écoute d'ailleurs jamais assez), raison pour laquelle ils se sont fixés pour mission de "soutenir les groupes mods d'aujourd'hui". Effort louable. Ces gens sont surtout dotés d'un flair infaillible, parvenant à remplir leur catalogue de véritables merveilles. Deux d'entre elles sont même, à mes yeux, des petits joyaux Pop, axées sur une structure mélodique complexe mais lumineuse : refrains / contre-refrain / ponts / montées en gammes / choeurs / variations de tempo (si j'y connaissais quelque chose en musique, je pourrais utiliser pleins de mots savants : accelerando, tempo primo, più moto,...mais je ne me risquerai pas sur ce terrain).


En premier lieu, les Green circles prouvent que, malgré leurs airs de surfeurs, les Australiens ont toujours du sang anglais dans les veines. La chanson "Brown house in Stepney where whe live" pourrait figurer parmi les meilleures chansons des Kinks (donc de facto parmi les plus beaux morceaux jamais écrits sur les huit planètes du système solaire, plus leurs satellites et leur proche banlieue). Il y a vraiment une touche Ray Davies-sienne dans la composition : cette aptitude à décrire un lieu (la cour d'une maison dans la banlieue d'Adélaïde), un instant, une météo, un peu à la "Waterloo sunset".

Green circles - Brown house in Stepney where we live
(site / Myspace / acheter Green circles ou la compilation Shimmy! chez Detour records)


Les Lost 45s sont eux originaires de Leeds. Pas la peine d'aller chercher trop loin pour trouver leurs influences : les Jam ou les Prisoners bien-sûr avec cette voix Northern soul, ces délicates touches de clavier et puis, petit plus, des choeurs absolument oniriques (servis par l'organiste du groupe) qui élèvent le morceau "The man that time forgot" toujours plus haut. Une chanson Mod, tout simplement.






Lost 45 - The man that time forgot
(site / Myspace / acheter What time do you call this? chez Detour records)

mardi 27 novembre 2007

Le Tour du monde des garages (2) : Chine

Partis du Japon, nous embarquons à Osaka, direction Tianjin. Puis deux petites heures de train jusqu'à Pékin. Disons-le tout net : nous n'avons pas posé nos pieds sur une terre de mélomanes ; la variété chinoise est simplement atroce, peut-être autant que l'italienne...ce qui n'est pas peu de choses! Mais si nos amis transalpins peuvent décemment se reposer sur les lauriers des Vivaldi, Albinoni ou Paganini, les Chinois n'ont même pas cette alternative. Avez-vous déjà écouté un seul de leurs opéras? Non? Alors comment vous expliquer? Cela se rapproche un peu du "Doux rossignol" interprété par les deux méchantes soeurs de Cendrillon (pour ceux qui auraient oublié leurs Walt Disney, cliquez ) : des voix suraiguës et stridentes accompagnées à la flûte par la classe de 6e du collège Armand Roncet de Chanteneuve-lès-Essarts. Voilà pour le tableau.

Mais pour qui sait tendre l'oreille, la belle musique finit toujours par apparaître : sous les guitares de PK14 par exemple. Originaire de la "capitale du sud" (Nankin), ce groupe s'est installé dans la "capitale du nord" (Pékin). Le morceau qui suit est une de leurs démos ; elle me fait fortement penser à du Joy Division avec la basse très en avant et le côté franchement sombre. Assez fascinant en tout cas.



Maintenant, direction l'autre Chine : Hong Kong. Nous y retrouvons My little airport qui pourraient être les Raveonettes chinois : même amour pour les voix et les tambourins spectoriens, même penchant pour les fonds "bruitistes" saturés à la Jesus and Mary chain ou Sonic youth. Particularité : nos amis chantent à la fois en chinois, en anglais et même...en français (pas toujours intelligible, il est vrai, mais il ne faut jamais décourager les bonnes volontés). J'entends d'ici vos questions : est-ce que c'est du mandarin ou du cantonnais? Qu'est-ce que les paroles signifient? Je vous répondrais que ... et bien ... euh ... vous n'êtes qu'une bande d'assistés qui attendez que les informations vous tombent toutes crues dans la bouche. Et, dans le monde moderne, il n'y a plus de place pour les individus de votre espèce!

My little airport - 失落沮喪歌
(site / Myspace / acheter 只因當時太緊張 chez Monitor records)

PS: Message spécial aux dirigeants chinois : s'il vous plaît, pourriez-vous débloquer l'accès à ce blog dans votre pays? En échange, je vous aiderai, comme Microsoft et Google, à traquer vos dissidents. Et même, je pourrais vous aider à inventer de nouvelles tortures (chinoises) pour vos láogăi ; et notre président (en visite en ce moment à Pékin) vous donnera des bons de réduction sur les chars d'assaut et les chasseurs Dassault. À bon entendeur, salut!

mercredi 21 novembre 2007

Electrocute


Scène de soirée.
Cette surprise-partie a tout pour être réussie : vous avez intelligemment déplacé le fauteuil du salon afin de faciliter mouvements et déplacements, puis astiqué le sol avec énergie. Pour les boissons, seuls les meilleurs crus ont été sélectionnés ; comme pour les invités. Et puis, surtout, cela fait une semaine que vous préparez cette compile, une tuerie absolue avec des enchaînements Garage 60s / Power Pop, le tout saupoudré de quelques hymnes Punk : Undertones, Easybeats, une face B des White Stripes...Enfin bref, tout cela promet.

23h : la plupart des gens sont maintenant arrivés. Le grouvomètre monte soudain de trois degrés lorsque l'ampli Sennheiser envoie les premières notes de "My generation". Mais avant que Roger Daltrey ait achevé la première strophe, la chanson s'arrête...laissant place à la grosse voix de Sean Paul. Ça, c'est forcément un coup de Théodoric, un ami sympa mais avec qui vous vous prenez régulièrement le chou. En deux enjambées, vous bondissez jusqu' au mécréant, prêt à l'empaler sur un pique à olives. Ici, c'est chez vous et personne n'a le droit d'y faire pénétrer des disques extérieurs sans visa, encore moins de les introduire dans votre chaîne hi-fi et, a fortiori, si c'est pour interrompre une chanson des Who.

Mais Théodoric, un breuvage transparent dans une main, quelques curlys dans l'autre, justifie son geste avec le culot imperturbable des sans-gêne et des criminels en série. Monsieur en a marre de ce qu'on écoute depuis tout à l'heure. Ce qu'il veut, c'est quelque chose pour danser. Vous avez beau répliquer, d'un ton volontairement cassant, qu'il faut vraiment être un crétin ou un butor pour ne pas pouvoir danser sur "My generation", le renégat persiste, repoussant les limites de la provocation et du mauvais goût. Monsieur ne veut pas de la musique de papis ; et tout en laissant échapper un curly de sa main, il explique qu'il lui faut des boîtes à rythme, des basses martelées, des sonorités électroniques. En somme, Monsieur souhaite faire de votre appartement une boîte de nuit bon marché.

Évidemment, il y aurait mille arguments pour écraser ces propos dégénérés sous le marteau du mélomane. Mais vous connaissez trop bien cette tête de mule de Théodoric et, ce soir, vous êtes trop las pour partir en croisade.
Alors il reste votre arme secrète. Si Monsieur, qui par mégarde vient d'écraser le curly aux cacahuètes sur votre moquette, veut danser, le Troublesome bubblegum d' Electrocute le remuera tel un damné sur la piste de danse. Deux berlinoises qui mélangent frénésie électro et excitation digne des Headcoatees ou des Shangri-las : voilà qui pourrait réconcilier la terre entière. Achtung! Dank Electrocute wird es immer getanzt!

Electrocute - Car bomb derby
Electrocute - Shag ball
(Myspace ici / Acheter Troublesome bubblegum sur Amazon)

PS : Infrasons fêtera bientôt ses deux mois et il serait grand temps d'effacer les morceaux mis en ligne en septembre ou début octobre. Pour ceux qui ne les auraient pas encore écoutés, je laisse une dernière semaine de répit avant d'entamer l'autodestruction. À commencer par le premier message sur Evie Sands.

lundi 12 novembre 2007

La minute yéyé (3) : Michel Sardou

Avant d'encenser les "Ricains", le traître national Michel Sardou vendait son âme à la perfide Albion. Dans "Mods et rockers", le voici pris en train d'entonner un scandaleux "j'apprécie votre terre [...] et je crie très fort : vive l'Angleterre!"... Tssss!
Mod ou rockeur ? Après cette chanson, l'ami Michel a finalement choisi une troisième voie : chanteur de variété pénible. Dommage.

Michel Sardou - Mods et rockers
(Acheter Raconte une histoire à la Fnac)

PS : Un scoop de dernière minute : je viens d'apprendre que les paroles de cette pépite sont signées Patrice Laffont, le présentateur de Pyramides, Fort Boyart ou des Chiffres et des lettres ! En quelque sorte, nous avons là le fruit d'une rencontre entre deux génies ; et non des moindres.

lundi 5 novembre 2007

Public nuisance

Méfions-nous des apparences. S'il vous arrivait de tomber par hasard sur l'album Gotta survive de Public nuisance (ce qui, de toute façon, a peu de chance d'arriver), voilà à peu près ce que vous penseriez :

-Quelle apparence étrange! L'un d'eux a quasiment un look gothique avec un bouc en fourche et une chevelure vampire. Son compère sur la baignoire ressemble à un immigré costaricain, moustache hidalgo et nuquette désordonnée faisant foi. Un troisième larron, au fond, ferait plutôt petite frappe de la fin des années 1970 avec son gros blouson et sa pose menaçante. Enfin, le dernier de ces messieurs pourrait être un texan endimanché surgi des années 1890. En fait, tout cela est faux : nous avons à faire ici avec un groupe 60s.

-S' il s'agit d'un petit groupe ricain de la fin des années 1960, c'est sûrement un de ces énièmes combos garage entendus sur les compilations Nuggets ou Pebbles. L'album contient certainement une 735 038e reprise de "Louie Louie" et une floppée de chansons à deux ou trois accords. Et puis avec un nom comme Public nuisance, attendons-nous à une musique sauvage, sorte de préfiguration des Stooges ou du MC5. Tout cela est encore faux : le morceau "7 or 10", ici en écoute, est une ballade folk des plus délicates, servie par une mélodie douce et somptueuse à la fois, plus proche d'un Neil Young ou d'un Nick Drake. Public nuisance ne ressemble à rien de connu : sa musique est trop riche et éclectique pour être réduite à du garage. Nous saurions plutôt parler d'un groupe Pop, dans le sens noble du terme ; comme Love, les Byrds ou les Doors.

-Avec des chansons de cette qualité, il doit s'agir, sinon d'un groupe à succès, au moins d'un groupe culte. Non, même pas : leurs seuls enregistrements n'ont été publiés qu'en 2002 et, tout cela, à cause d'un des plus célèbres crimes du XXe siècle.
Explications : Public nuisance signa en 1968 sur le label Equinox, dirigé par le célèbre producteur Terry Melchers. Ils effectuèrent alors deux sessions d'enregistrement. Ce même Terry Melchers refusait au même moment de produire la musique d'un illuminé nommé Charles Manson. Gourou d'une secte appelée "La famille", celui-ci décida de se venger en envoyant ses adeptes massacrer la maisonnée de Melchers. Or, sa villa californienne venait d'être vendue à Roman Polanski et sa femme, l'actrice Sharon Tate (la Sarah du Bal des vampires). C'est donc Mme Polanski, enceinte de 8 mois et demi, ainsi que 3 autres persnonnes qui subirent le couroux du gourou, le 9 aôut 1969. Ébranlé, Terry Melchers cessa ses activités, laissant les bandes de Public nuisance au placard pour 34 années.


Public nuisance - 7 or 10
(site ici, acheter à la Fnac)

jeudi 25 octobre 2007

Carte postale

Sillonnant les routes de l'Empire du Milieu, je vous fais parvenir cette petite carte postale par l'entremise de Stereo Total. Oh, certes, je ne suis pas à St-Tropez mais bel et bien à Shanghai ; mais de toute façon, dans une carte, ce n'est pas tellement le contenu qui importe, ni même la photo : c'est l'attention.

jeudi 18 octobre 2007

Le Tour du monde des garages (1) : Japon

Les Japonais sont fous. Tous. Et complètement. S’ils perdent une guerre ou si leur Tamagotchi meure, ils se suicident. Et s’ils se suicident, ils s’écrasent sur un porte-avion ou s’enfoncent un katana dans le ventre. Non, vraiment, ces gens sont fous. Pas de demi-mesure chez eux ; et c’est ça qui est funk.

Guitar Wolf

Guitar Wolf, ce sont des Yankees, des vrais, comme il n’en existe que dans les mangas. Regardez le chanteur : c’est le professeur Onizuka, rien moins. La vie des Guitar Wolf est facile à imaginer : poursuites à moto sur des tronçons d’autoroute desaffectés, enlèvements de lycéennes en uniforme et bastons contre les clans Yakuzas. Oui, tout ceci ne fait aucun doute.

Guitar wolf – Midnite blood pump
(site ici, acheter sur Ciao)



Mikabomb

Là, je triche un peu ; parce que le groupe est basé à Londres et ne comprend pas que des Japs. Mais quand on intitule ses chansons « Contact Tokyo » ou « Osaka », c’est qu’on assume quand même un peu. La vie des Mikabomb est facile à imaginer : shopping dans le quartier de Shibuya, karaokés et puis, le soir, leurs cheveux deviennent roses et elles se transforment en magical girls. Armées d’une baguette avec une pointe en forme d’étoile, elles jettent des sorts à droite et à gauche pour embêter les méchants et les garçons. Oui, tout ceci ne fait aucun doute.


Mikabomb – Contact Tokyo
(acheter chez Damaged Goods)

Phy

Alors là, c’est le groupe mystère. Un jour où mon doigt était guidé par le Seigneur, je suis tombé par hasard sur le site de ces Mods Japonais. Il y avait plusieurs extraits de chansons à télécharger ; tous meilleurs les uns que les autres. Mais depuis, je n’ai jamais pu retrouver leur trace car il ne doit exister aucune info sur eux en caractères latins. Si un locuteur japonais pouvait me retrouver leur trace, ce serait un chic type. Oui, ceci ne ferait aucun doute.

Phy – All i want is you

lundi 15 octobre 2007

Le Coq, la Rose et le Rosbif

Azincourt, Crécy, Poitiers, Fort Carillon, Fort Wandiwash, Aboukir, Trafalgar, Waterloo, Mers el-Kébir, St-Denis,...Ils nous ont encore eus! Le plus rageant est qu'il ne s'agit pas d'une glorieuse défaite "à la française", pleine de panache et d'orgueil. Ici, pas de charges de cavalerie désespérées du maréchal Ney ni de Cambronne suicidaire ; non, nous avons perdu en voulant imiter les Anglais : atroce jeu d'occupation du terrain et insupportable tendance à botter tous les ballons. Hommage donc à la rose et au rosbif.



Jam - English rose
(acheter All mod cons à la Fnac)
Chérie - Je ne suis qu'une rose
(acheter Femmes de Paris, vol.3 sur Amazon)
Terribles - Rosbeef attack
(Site ici, acheter Les Terribles chez Soundflat)


Pour se redonner un peu le moral, vous pouvez voir ici les 3 dernières minutes du match France-Angleterre 1996. Les Bleus passent un drop dans les derniers instants, remportant une victoire in extremis. Castaignède, rechausse tes crampons : la patrie aura besoin de toi dans 4 ans.

jeudi 11 octobre 2007

Le Prisonnier

Même réunis, les fans de Star Trek, X-Files et Thierry la Fronde ne sauraient égaler l'obsession dont font preuve les mordus du Prisonnier. Série symboliste s'il en est, elle les incite aux réflexions métaphysiques et cabalisitiques les plus folles. D'ailleurs, je parie qu'un quelconque fan australien ou tasmanien s'échine en ce moment à compter le nombre de clignements d'oeil du héros à chaque épisode ; et ce, pour comprendre le sens caché de la série.
Le Prisonnier, c'est d'abord l'oeuvre d'un homme : Patrick McGoohan, le concepteur, réalisateur, acteur. Il incarne un agent secret (britannique, comme il se doit) qui, après avoir donné sa démission, est enlevé et transféré dans un mystérieux Village. Ce lieu rassemble des personnes importantes (scientifiques, diplomates, militaires) qui, pour des raisons inconnues, ont été mis à l'écart de la société (un peu comme les évaporés dans 1984), chacun n'étant plus désigné que par un numéro (le Numéro 6 est attribué au héros). Le Numéro 6 apprend rapidement la raison de son enlèvement : ses gardiens veulent savoir pourquoi il a démissionné.
Chaque épisode est un bras de fer entre les gardiens (qui essaient de le faire parler) et le Numéro 6 (qui tente de s'enfuir), les deux parties faisant preuve d'une imagination remarquable, voire franchement diabolique. À cela s'ajoute le refus du héros de se conformer aux règles de vie infantilisantes du Village. À titre personnel, je dirais que, si la qualité des épisodes reste inégale, certains sont tout bonnement extraordinaires ("Le retour", "Le marteau et l'enclume" ou "Double personnalité". DVD disponible à Gibert Joseph).
La bande son (Amazon) retrace parfaitement la tension qui règne dans la série. Très éclectique, elle comprend aussi bien les fanfares du Village, du jazz que d'inquiétants morceaux futuro-avant-gardistes. Et puis dans le "Carillon de Big Ben", il y a ce petit morceau à la guitare classique ; tout simple et très beau (signée P. Aliprandi).

P. Aliprandi - Village curfew (ou Lullbay for Isabelle)


La série fut, par la suite, une source d'inspiration pour plusieurs musiciens, le meilleur hommage restant celui des Teenage filmstars en 1980. Cette joyeuse bande d'allumés, emmenée par Ed Ball et Dan Treacy, commençait à cette époque à enregistrer leur pop mod-psyché-lo-fi sous divers noms (O Level, Swell Maps et surtout les fameux Television personalities dont je reparlerai un jour). Quiconque a vu la série trouvera ce "I helped Patrick McGoohan escape" jouissif : une entrée pompée sans vergogne sur le "Keep on running" du Spencer Davis group, le "Oooouuu!!!" Beatlesque (façon "Twist and shout"), le dialogue entre le N°2 et le N°6, et puis le descriptif détaillé de l'évasion (en bus, en bateau et en train jusqu'aux USA)! Le morceau est proposé sur l'excellent site des Mod Pop Punk Archives.

(Acheter sur Amazon)

Autre hommage au Prisonnier, le clip du sautillant "Alright" de Supergrass. Tourné à Portmeirion (lieu de tournage de la série), il comporte plusieurs clins d'oeil à l'oeuvre de Patrick McGoohan.


Et pour ceux qui ne connaîtraient absolument pas la série, je recommande deux vidéos ToiTube qui en compilent des extraits. La première ("The Poisoner") s'apparente à un clip qui, comme son nom l'indique, s'attache à l'aspect psychotropique du Prisonnier (Numéro 6 subissant régulièrement les drogues de ses gardiens). La seconde ("Classic Prisoner") reprend certains des meilleurs passage de la série. Aspect rigolo : le montage a été réalisé avec suffisamment d'habileté pour laisser croire que le Numéro 6 est homo!

(vidéo) The Poisoner

lundi 8 octobre 2007

Mississippi John Hurt

S'il en est parmi vous qui fréquentent les Nature et Découvertes, les magasins de décoration intérieure ou les bouddhistes végétariennes, ils doivent savoir ce qu'est la musique "Ambiance - Zen - Bien être". Parée de vertus relaxantes ou ésotériques, elle prend souvent la forme d'un pot pourri culturel : mélange de sonorités asiatiques et indiennes auxquelles sont superposés quelques flûtes de Pan, une harpe irlandaise et parfois un peu de synthétiseur.
Je n'ai rien contre tout ça ; cette musique accompagne même parfaitement les shampooinages à l'Ushuaïa et les sniffs d'encens. Mais si vous recherchez vraiment la paix intérieure, écoutez plutôt Mississippi John Hurt.

D'abord, c'est une histoire romanesque. Celle d'un simple garçon de ferme à qui les fées ont offert un jeu de guitare "picking" unique et une voix, la plus douce que ce monde ait entendue. Jouant régulièrement dans les bals locaux, il est repéré par le producteur Tommy Rockwell. Celui-ci l'emmène enregistrer à Memphis et New York en 1928-1929. Sans succès. De toute façon, la crise économique frappe brutalement l'Amérique : la maison de disque est en faillite et l'achat de disque n'est plus vraiment une préoccupation. Alors John Hurt retourne dans son Mississippi et se contente des travaux agricoles.
Cela pourrait presque ressembler à la fable du "Rat des villes et du rat des champs" : un campagnard monte à la ville plein d'espoir mais, désenchanté, préfère finalement revenir à son village. Oui, mais il y a un second chapitre.

Début des années 1960, un musicologue féru de musique populaire américaine (Tom Hoskins) tombe sur les enregistrements de 1928 et, enthousiasmé, décide de retrouver la trace de ce chanteur oublié. Premier indice : son surnom indique son état d'origine (le Mississippi). Et puis il y a les paroles d'un des morceaux ("Avalon blues") dans lequel John Hurt raconte son périple new-yorkais: "New York 's a good town but it's not for mine [...] Avalon is my hometown, always on my mind". Mais, mauvaise surprise, Tom Hoskins ne trouve aucun lieu appelé Avalon. Décidément tenace, il se lance dans l'étude des vieilles cartes et finit par trouver ce qu'il cherchait, sur un atlas de 1878.
Le coeur battant, Tom se rend à Avalon et, première surprise, retrouve notre vieux Bluesman. Seconde surprise, celui-ci n'a rien perdu de son talent au cours des 35 années. Alors Mississippi John Hurt retourne dans les studios, participe à des festivals. La jeunesse américaine, qui redécouvre le folk grâce à des garçons comme Bob Dylan, l'adule immédiatement.
John Hurt peut maintenant s'éteindre en paix, en 1966, laissant des enregistrements d'une beauté stupéfiante. Pas un mélange artificiel de sonorités "ethniques" ; non : l'authenticité même : celle du Blues et du Folk, une musique qui a une âme / soul / Seele (appelez-là comme vous voudrez) : l'héritage séculaire de milliers de paysans, forçats ou troubadours anonymes.
Les fabuleux enregistrements de 1928 appartiennent désormais au domaine public. Le site des Internet Archives les propose en téléchargement:


Et puis, en bonus, une autre chanson:

Mississippi John Hurt - Coffee blues

vendredi 5 octobre 2007

Mark Ronson

Je ne suis pas avec énormément d'attention l'actualité musicale. Qui a enregistré avec quel producteur, qui occupe les premières places du Top 50 hongrois, qui prépare un nouvel album? Autant de questions auxquelles j'ai peine à répondre. C'est la raison pour laquelle il m'arrive de faire des découvertes bien après coup, et parfois de taille. Un exemple? Trois chanteuses anglaises ont retenu mon attention ces derniers temps ; et voilà que j'apprends qu'elles sont produites par un seul et même homme : Mark Ronson.
Au fond, j'aurais dû m'en douter. Il y a chez toutes trois cette savante alchimie entre production moderne et charme 60s, cet amour pour les voix soul et les mélodies efficaces. Alors, Mark Ronson est-il en passe de devenir le Phil Spector des petites anglaises ? Ça se pourrait bien. Et ça serait chouette.

Lily Allen

Fille de l'acteur Keith Allen (Trainspotting), filleule de Joe Strummer et de Tessa Pollitt (des Slits), Lily a triomphé l'an passé avec son premier album (Alright, Still). Il y a quelque chose d'incroyablement frais dans ses chansons, mélange de Pop, de R'n'B, parfois de Beat jamaïcain.


Lily Allen - Littlest Things
(2006)





Amy Winehouse

Si l'Inquisition avait toujours cours, nul doute qu'Amy Winehouse passerait sur le bûcher. Avec sa chevelure corbeau, son grain de beauté noir près de la bouche, ses tenues provocantes, ses tatouages, et son penchant pour les potions illicites, je vois mal qui pourra la devancer au prochain Bal des Sorcières.
Plus sérieusement, Amy incarne la revanche. La revanche sur la presse musicale qui nous découvre chaque année une soi-disante diva soul, une interprète qui "ne ressemble pas à toutes ces chanteuses R'n'B insipides mais s'inscrit dans la glorieuse tradition des Aretha Franklin et consoeurs". À chaque fois, c'est pourtant l'arnaque, la donzelle se révélant aussi nulle que les autres (exemple typique : Joss Stone). Mais là mes amis, enfin nous la tenons : la vraie, la chanteuse soul soul soul qui vient laver les péchés de ses prédécessrices : la grande Amy Winehouse.
Tout de même, impossible d'évoquer la chanteuse sans parler de ses frasques diverses, encouragées par le cocktail drogues, alcool, anorexie. Quand je pense qu'elle a mon âge, ça me rend triste de la voir vivre sur une lame de rasoir. Espérons seulement qu'elle vivra vieille.

Amy Winehouse - Back to Black (2006)

Candie Payne


Et pour finir, la plus que très charmante Candie Payne. Une voix Blue-Eyed Soul (c'est-à-dire Soul blanche, style Dusty Springfield, celle qui chante "Son of a Preacher Man") avec parfois un petit côté Portishead.
Les garçons, vous en serez amoureux.
Les filles, vous en serez jalouses.

Candie Payne - I Wish I Could Have Loved You More (2007)

mercredi 3 octobre 2007

La minute Yéyé (2)

Aujourd'hui, j'ai envie de poster une chason très méchante : "Les Petits Boudins" de Dominique Walter. Si les textes sont signés Gainsbourg, le morceau ressemble davantage à du Jacques Dutronc, tant par les paroles (façon play-boy sans pitié) que par la rythmique (inspirée des Kinks période "Well respected Man" / "Dedicated Follower of Fashion").



Dominique Walter - Les Petits Boudins
(1967)

mardi 2 octobre 2007

Les 13th Floor Elevators / Les Dadds


En ce moment sort en DVD You're Gonna Miss Me de Keven McAllester : un film/documentaire consacré à Roky Erickson (voir la B.A. ici). Roky n'était pas un boxeur mais le chanteur des 13th Floor Elevators, le "Syd Barrett américain" comme on le surnomme souvent puisque, comme le premier leader de Pink Floyd, son cerveau a été complètement grillé par les acides, à seulement 21 ans.

Groupe culte s'il en est, les 13th Floor Elevators symbolisent l'émergence de la scène psychédélique au tournant 1966-1967 ; le titre de leur premier album The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators ayant d'ailleurs contribué à diffuser le terme "psychédélique". Bien entendu, la drogue existait déjà dans le rock mais il s'agissait jusque-là plutôt d'euphorisants qui permettaient d'accroître l'énergie des musiciens (Cf. les Who et leurs amphétamines). Au contraire, la diffusion du LSD dans les années 1960 a une influence directe sur l'écriture des morceaux et les sonorités utilisées ; il s'agit désormais de reproduire sur disque les hallucinations éprouvées lors de la consommation de drogues. Dans cette discipline, les 13th Floor sont les champions. Pas étonnant pour un groupe qui a choisi son nom en référence à la 13e lettre de l'alphabet : M comme Marijuana.

Il était toutefois difficile d'être apôtre du psychédélisme dans le Texas de 1967. Il y avait même dans cette contréee comme un petit quelque chose qui faisait que ça ne passait pas du tout. Traquer le groupe en possession de substances illicites devint alors le sport favori des sheriffs locaux et, après s'être fait prendre plusieurs fois, Roky risquait 10 ans de prison. Afin d'y échapper, il plaida la folie, ce qui n'était pas totalement faux, puiqu'il avait déjà été diagnostiqué "schizophrène paranoïaque" et fait l'objet de traitements.

Sans se faire prier, la justice décréta qu'il était effectivement atteint mentalement, l'envoyant pour les années à venir dans différents hôpitaux psychiatriques. S'ensuit une alternance de moments de lucidité, lorsque ses admirateurs venaient le chercher pour enregistrer des nouvelles chansons, et d'instants où il était franchemeent ailleurs. Un petit exemple? En 1989, il fut arrêté parce qu'il volait le courrier de ses voisins pour le clouer (sans l'ouvrir) sur les murs de sa maison. On ne rigole pas, c'est très triste d'en arriver là. Heureusement, les choses semblent aller mieux depuis une dizaine d'années : Roky enregistre et tourne régulièrement dans divers festivals.

13th Floor Elevators - Roller coaster

Voilà qui nous permet de rebondir sur les Dadds. Pourquoi? Comment? Parce que ceux-ci viennent de reprendre, en français s'il vous plaît, le plus fameux titre des 13th Floor : "You're gonna miss me". Les Dadds sont un groupe de St-Lô (qui eût cru que l'un des meilleurs groupes français viendrait de là-bas? Ca tient peut-être au fait que les influences britanno-américaines aiment bien débarquer en Normandie). Je les avais vu en concert il y a deux ans et leur garage 60s m'avait paru être de la plus excellente des factures. Or, voilà en plus que, sur leur dernier album (acheter ici), ils commencent à chanter en français. Initiative heureuse et affaire à suivre.

Dadds - Je vais te manquer
(2007)

lundi 1 octobre 2007

Stevie Wonder

Le Funk absolu, tout simplement. Si les Beatles avaient déjà bien réussi leur coup en écrivant "We can work it out", Stevie Wonder dynamite littéralement le titre. Voix exubérante, grouve omniprésent et morceau imparable.


Stevie Wonder - We can work it out (1970)

Sister Nancy

Le Conseil Représentatif des Associations Noires et la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l' Égalité m' ont signalé que ce blog ne respectait pas les quotas en matière de minorités visibles. Alors attelons-nous à la tâche : je vous promets, pour les prochains messages, un feu d'artifice de soul, funk, blues, reggae et autres noireries.

À commencer par du reggae, avec Sister Nancy. Jamaïcaine, comme il se doit, il y a quelque chose d' incroyable en elle : un phrasé stupéfiant qui suffit à créer un rythme répétitif et hypnotique. Derrière des basses toujours sobres mais bien placées, sa voix scande une langue étrange, plus proche d'un dialecte sacré d'Afrique que de l'anglais. "One two" est son premier disque.

Sister Nancy - One two (1982)

samedi 29 septembre 2007

Les Go


Etrange groupe que les Go. A l'image des Birds dont on ne se souvient que parce qu'ils ont accueilli un futur Rolling Stone (Ron Wood), les Go sont souvent réduits, sous la plume des chroniqueurs, au statut de premier groupe dans lequel Jack White (futur White Stripe) a exercé ses talents de guitariste. C'était l'espace d'un seul album (le premier) : Whatcha doin', sorti en 1999, avant que Jack s'en aille trouver la gloire avec sa femme-soeur.
Les Go, eux, sont restés ce qu' ils étaient : un petit groupe de Detroit, à l'ombre de l'agitation médiatique. Et pourtant, ô combien ils peuvent être adulés par une poignée de connaiseurs ; car les Go manient avec un talent rare un rhythm' n' blues aux accents psychédéliques, comme le prouvent les deux morceaux postés ici.
"You can get high", tout d'abord, est extrait de ce fameux premier album avec Jack White. Riff de blues imparable joué avec l' énergie des Pretty Things, soulignement habile de la mélodie avec le "high" répété en choeurs, et montée finale à vous électrifier l'épine dorsale : voilà pour résumer.
Quant à "Peacock angel", il est tout bonnement incroyable que ce chef-d' oeuvre n' ait jamais été distribué. Extrait de l'album "Free electricity", enregistré en 2000 mais resté dans un palcard en raison de tensions entre le groupe et leur label de l' époque (Sub Pop). Comment la décrire? Un mur de fuzz onirique sur lequel se détache la voix de John Lennon. Enfin, quand je dis John Lennon, il s'agit plutôt de Bobby Harlow. Bien que le doute subsiste.
Go - You can get high (1999)

jeudi 27 septembre 2007

Mise en garde

Je me rends compte que j'ai mis des liens (même temporaires) vers des pages permettant l'écoute mais également le téléchargement des MP3 et ce, sans avoir mis en garde les ineternautes des dangers qu'ils encouraient. Un bon dessin valant mieux qu'un long discours, veuillez considérer le mal comme réparé.


La minute Yéyé (1)


Régulièrement, je vous présenterai quelques pépites francophones des années 1960. Aarrrgl, du Yéyé, vous entends-je déjà crier! Oui, car trop peu le savent, le yéyé est un monde merveilleux et une source intarissable de diamants. Evidemment, c'est aussi un monde rempli de niaiseries, de rythmes mollassons, de chanteurs qui ne devraient pas l'être, de reprises-massacres et j'en passe. Mais c'est précisément là que repose l'aspect jouissif : trouver un bon morceau yéyé c'est comme trouver une pépite d'or dans la Deule ; c'est inattendu et ça n'en a que plus de valeur.
Par quoi commencer ? La meilleure introduction est, à mes yeux, Dani qui, à égalité avec Clothilde, mériterait de se voir décerner le titre de "championne du monde des chanteuses de yéyé de l'univers", rien de moins.
Mannequin et égérie des années 1960, ses premières chansons jouent sur son look de garçonne ("Garçon manqué", "La fille à la moto"). Image qu'elle confirme avec un enragé "La machine". Par la suite, sa voix un peu rauque (style celle qui en a vu de toutes les couleurs et qui est revenu du diable vauvert, ce qui n'est pas faux vu les problèmes qu'elle connaîtra, notamment à cause de la drogue) est mise au service de superbes chansons, bien produites, bien écrites ; bref, de la variété française telle qu'elle serait dans un monde idéal.

Dani - La fille à la moto
Dani - Quand ça t'arrange

Le son du Medway (1)

A l'est de l'Angleterre se trouve un petit morceau de terre appelé le Medway, à l'embouchure de la rivière du même nom. Ce lieu vit l'émergence d'une scène musicale tout à fait unique à la fin des années 1970 et au début des années 1980 Elle continue, aujourd'hui encore, à faire des émules.

Billy Childish

Personnage hors du commun, Billy Childish est le symbole de cette scène. Dyslexique et issu d'un milieu ... euh, difficile (victime d'abus sexuels durant son enfance de la part d'un ami de la famille ; et comme il le raonte lui-même: "j'ai tabassé mon père à sa sortie de prison (pour trafic de drogue)"). Après s'être essayé à quelques petits boulots (tailleur de pierres, brancardier pour un hôpital psychiatrique), ses peintures lui valent d'intégrer une "art school"... de laquelle il est vite renvoyé. Outre la peinture, Billy s'essaie à différentes formes d'art, formant ainsi les Medway Poets et montant, en plein mouvement punk (1977), son premier groupe musical : les Pop Rivets.


Qu' a fait Billy ces 20 dernières années ? Il est resté dans sa petite ville de Chatham, multipliant les projets musicaux à une cadence record (au moins une centaine d'albums à son actif). Entre deux enregistrements, il peint (fondateur du mouvement Stuckiste), écrit des livres et des receuils de poèmes, misant toujours sur la spontanéité plutôt que sur une démarche artistique longuement réfléchie et re-re-réfléchie.


Son oeuvre fut longtemps produite dans l'indifférence la plus générale, seules les allocations chômage lui ayant permis de vivoter durant 15 ans. Et puis, petit à petit, plusieurs grands de ce monde ont évoqué leur admiration pour ce personnage (et même Kylie Minogue!), contribuant à en faire un artiste culte, adulé par l'ensemble de la scène garage.


Parmi les multiples groupes auxquels il fut aux commandes, il enregistra en 1988 "Who could be proud" sous le nom de Jack Ketch and the Crowmen. Qui était Jack Ketch, me direz-vous? Un célèbre bourreau du XVIIe siècle. Réputé pour son sadisme ... et pour son perfectionnisme (cinq coups de hache et une finition au couteau pour exécuter le duc de Monmouth).


Billy Childish (Jack Ketch and the Crowmen) - Who could be proud (1988)

Les Prisoners




Aux côtés des Milkshakes (emmenés par Billy Childish), un autre groupe a fait son chemin au début des années 1980 : les Prisoners. Vénéré par les Mods, il s'agit peut-être, tout simplement, du meilleur groupe de la décennie. Il parvient à associer des mélodies lumineuses au timbre élégamment "northern soul" de Graham Day, à l'orgue explosif de James Taylor et, plus généralement, à une maîtrise instrumentale sans faille. Rarement sont mélangés avec tant de brio psychédélisme, groove, garage et Pop (avec un grand P comme Prisoners).


Prisoners - (Thinking of you) Broken pieces (1985)



Holly Golighly




Jamais à cours d'idées, notre ami Billy Chidlish a associé à ses combos des versions "féminines" (les Delmonas puis les Headcoatees). Le principe est simple : on prend les petites amies des membres du groupe, on les met devant les micros et on imite joyeusement les Girl Groups des années 1960.
Parmi ces donzelles, l'une a percé depuis, réalisant une carrière solo plus que remarquable: Holly Golightly. Avec une voix tantôt gouailleuse et countysante, tantôt pure et éthérée, elle offre un mélange de rhythm'n'blues et de folk mâtiné de blues et de Girl groups. Surtout connue pour son duo avec les Whites Stripes ("It's true that we love one another") ou pour la B.O. de "Broken Flowers" de Jim Jarmusch, l'ensemble de son oeuvre mérite toutefois d'être écouté, Holly enregistrant et chantant toujours avec un talent sûr.


Holly Golightly - All around the houses

mercredi 26 septembre 2007

Evie Sands



Evie Sands, c'est Madame Malchance. Pourtant, tout aurait pu commencer pour le mieux. En 1965, le fameux duo de compositeurs Leiber-Stoller lui offre le merveilleux "Take me for a little while". Las, un être fourbe, à la solde d'une grande maison de disques de Chicago (Chess) se tient dans le studio, prêt à perpétrer un mauvais coup. Et lorsque personne ne fait attention à lui, il s'empare des bandes. En 48 heures seulement, Chess enregistre une version pour l'une des stars de la maison: Jackie Ross : le triomphe est immédiat.

Qu'à cela ne tienne, Evie a une autre cartouche : un affolant "I can't let go", prêt à conquérir toutes les ondes américaines. Mais rien n'y fait, le succès ne vient pas ; ou plutôt si : pour les Hollies qui, en 1966, reprennent la chason. C'est ensuite "Angel of the morning" qui est offert à un autre groupe (Merilee Rush & The Turnabouts).
Enfin, vous l'aurez compris, Evie Sands a dû laissé aux autres le succès qu'une voix hors du commun aurait dû lui assurer. Elle a l'air pourtant si heureuse à vélo sur la pochette de "Anyway that you want me". Car, après tout, la vie est belle.

Evie Sands - I can't let go