jeudi 27 septembre 2007

Le son du Medway (1)

A l'est de l'Angleterre se trouve un petit morceau de terre appelé le Medway, à l'embouchure de la rivière du même nom. Ce lieu vit l'émergence d'une scène musicale tout à fait unique à la fin des années 1970 et au début des années 1980 Elle continue, aujourd'hui encore, à faire des émules.

Billy Childish

Personnage hors du commun, Billy Childish est le symbole de cette scène. Dyslexique et issu d'un milieu ... euh, difficile (victime d'abus sexuels durant son enfance de la part d'un ami de la famille ; et comme il le raonte lui-même: "j'ai tabassé mon père à sa sortie de prison (pour trafic de drogue)"). Après s'être essayé à quelques petits boulots (tailleur de pierres, brancardier pour un hôpital psychiatrique), ses peintures lui valent d'intégrer une "art school"... de laquelle il est vite renvoyé. Outre la peinture, Billy s'essaie à différentes formes d'art, formant ainsi les Medway Poets et montant, en plein mouvement punk (1977), son premier groupe musical : les Pop Rivets.


Qu' a fait Billy ces 20 dernières années ? Il est resté dans sa petite ville de Chatham, multipliant les projets musicaux à une cadence record (au moins une centaine d'albums à son actif). Entre deux enregistrements, il peint (fondateur du mouvement Stuckiste), écrit des livres et des receuils de poèmes, misant toujours sur la spontanéité plutôt que sur une démarche artistique longuement réfléchie et re-re-réfléchie.


Son oeuvre fut longtemps produite dans l'indifférence la plus générale, seules les allocations chômage lui ayant permis de vivoter durant 15 ans. Et puis, petit à petit, plusieurs grands de ce monde ont évoqué leur admiration pour ce personnage (et même Kylie Minogue!), contribuant à en faire un artiste culte, adulé par l'ensemble de la scène garage.


Parmi les multiples groupes auxquels il fut aux commandes, il enregistra en 1988 "Who could be proud" sous le nom de Jack Ketch and the Crowmen. Qui était Jack Ketch, me direz-vous? Un célèbre bourreau du XVIIe siècle. Réputé pour son sadisme ... et pour son perfectionnisme (cinq coups de hache et une finition au couteau pour exécuter le duc de Monmouth).


Billy Childish (Jack Ketch and the Crowmen) - Who could be proud (1988)

Les Prisoners




Aux côtés des Milkshakes (emmenés par Billy Childish), un autre groupe a fait son chemin au début des années 1980 : les Prisoners. Vénéré par les Mods, il s'agit peut-être, tout simplement, du meilleur groupe de la décennie. Il parvient à associer des mélodies lumineuses au timbre élégamment "northern soul" de Graham Day, à l'orgue explosif de James Taylor et, plus généralement, à une maîtrise instrumentale sans faille. Rarement sont mélangés avec tant de brio psychédélisme, groove, garage et Pop (avec un grand P comme Prisoners).


Prisoners - (Thinking of you) Broken pieces (1985)



Holly Golighly




Jamais à cours d'idées, notre ami Billy Chidlish a associé à ses combos des versions "féminines" (les Delmonas puis les Headcoatees). Le principe est simple : on prend les petites amies des membres du groupe, on les met devant les micros et on imite joyeusement les Girl Groups des années 1960.
Parmi ces donzelles, l'une a percé depuis, réalisant une carrière solo plus que remarquable: Holly Golightly. Avec une voix tantôt gouailleuse et countysante, tantôt pure et éthérée, elle offre un mélange de rhythm'n'blues et de folk mâtiné de blues et de Girl groups. Surtout connue pour son duo avec les Whites Stripes ("It's true that we love one another") ou pour la B.O. de "Broken Flowers" de Jim Jarmusch, l'ensemble de son oeuvre mérite toutefois d'être écouté, Holly enregistrant et chantant toujours avec un talent sûr.


Holly Golightly - All around the houses

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