vendredi 17 octobre 2008

Missy Elliott



Lorsque j'étais collégien, donc bête et ignare, il était inconcevable que j'écoute de la musique noire ; et a fortiori du hip-hop. Que voulez-vous, ça me semblait être de la musique bassement commerciale, c'était la voix de Skyrock, la bande-son des cités, le cri de ralliement des abrutis qui m'entouraient ; du moins une partie.

Pensant lutter seul contre ce magma infâme, je me faisais alors fors de rejeter tout ce qui ne ressemblait pas à de la Britpop ou à Nirvana car, voyez-vous, ça au moins c'était de la rage à l'état pur, des guitares et des mélodies acérées, des groupes qui jouaient eux-mêmes sur leurs morceaux. Bref, ça correspondait mieux à mon univers de petit blanc.

Oui, certes, je n'étais pas bien malin. Mais, ce qui est malheureux, c'est que beaucoup continuent aujourd'hui à épouser ce raisonnement, à fermer leur esprit à une musique et une culture qui leur échappe. C'est à eux que je dédie ce message car, et je le crie à la face du monde, il y a plein de trucs fantastiques dans la production hip-hop. J'ose même affirmer que le rap c'est comme une carotte, c'est meilleur râpé (-Jeu de mot à supprimer ; absolulent indigne de ce blog-).

Ces longs palabres nous donnent l'occasion d'introduire Missy Elliott, quintessence du rap s'il en est. Car, autant l'avouer tout de go, avec la Demoiselle E on est bien loin des délicates Clothilde, Evie Sands, Bettye Swann ou autres Mallory Hays.

Le son de Miss E, c'est du rude, du rugueux, du vulgaire, de l'ultra-direct, du gangsta-rap machiste à l'envers. Et encore, Dieu merci, nous ne comprenons que la moitié des paroles. «Si ta meuf n'assure pas, appelle-moi, [...] je suis pas une prostituée mais je peux te donner ce que tu veux» ; cet extrait de «Work it» résume plutôt bien ce autour de quoi tourne l'œuvre de Miss Elliott.

Pour ceux qui auraient encore des doutes, notez que le second morceau ci-proposé s'appelle «I'm really hot». Il s'agit d'un remix produit par un duo appétissamment nommé Ratatat. Ces deux électroniciens new-yorkais ont eu la bonne idée d'ajouter une ligne de basse vrombissante couronnées de petites notes de Farfisa si douces et bien choisies qu'elles transfigurent un hymne mégalo-dansant en une ballade dramatique et, je l'avoue, presque émouvante.


Missy Elliott - Hot [remix Ratatat]
Missy Elliott - Work it
(site / acheter Under construction à la Fnac)

1 commentaire:

heebooh a dit…

Il faudrait que je réécoute ce disque qui m'avait laissé indifférent à l'époque, trop épris que j'étais par le génial et timbalandesque "So Addictive".