jeudi 9 décembre 2010

La minute Yéyé (8) : Elsa Leroy / Delphine

Vous attendiez ce moment depuis une éternité (deux ans pour être précis) mais, bonne nouvelle, Infrasons renoue aujourd'hui avec la glorieuse tradition de la «Minute Yéyé». Et puisque nous avons du retard à rattraper, deux pépites sont au programme ; même le Père Noël ne saura vous en offrir autant.

Delphine


Mélanger deux chanteuses dans un même article : voilà qui peut sembler un peu brouillon et indigne d'un blog aussi respectable qu'Infrasons. Détrompez-vous, ce choix s'appuie sur une réflexion éditoriale mûrement pensée et repensée. Car, voyez-vous, il y a un thème précis aujourd'hui : nous allons vous présenter deux chanteuses francophones qui ont repris, et même sublimés, des morceaux américains oubliés en y mêlant savamment pop gentille et psychédélisme orientalisant.

Honneur à la Belgique tout d'abord avec Delphine et «La fermeture éclair». Le morceau n'est pas, à proprement parler, une reprise puisqu'il reprend les bandes instrumentales enregistrées par le groupe We the People pour leur morceau «In the Past» ; Delphine substitue simplement sa voix à celle du chanteur américain.

Voilà qui ouvre une parenthèse sur We the People, groupe qui a bénéficié d'une petite renommée en Floride au milieu des années 1960, avant d'être redécouvert quelques années plus tard par les archéologues du rock, séduits par la nervosité et par l'entrain de leurs enregistrements. Parmi la myriade des groupes garage 60s, We the People avait une arme secrète : un instrument unique fabriqué par le grand-père d'un de leurs amis. Appelée «Octachord», cette curiosité, entre le sitar et la mandoline, produisait un son qui seyait parfaitement à la vague psychédélique de 1966.

Par quelle miracle cette chanson s'est-elle retrouvée en Belgique, reprise par une dénommée Delphine ? Cela reste un mystère. Ce qui est certain, en revanche, c'est que les producteurs de la demoiselle ont su fait bon usage de ces bandes sonores. Car cette version dépasse le statut d'«amusante curiosité» dans lequel on classe généralement les reprises Yéyé. Cette fois, il s'agit d'un chef-d'oeuvre, et les paroles intelligentes et prudes (qui ne sont pas sans rappeler le «J'suis d'accord» de Françoise Hardy) ajoutent au mystère distillé par l'«Octachord».

Delphine - La fermeture éclair (1966)
(Acheter Pop à Paris, volume 1)

Elsa Leroy


Mai 1965 : Elsa Leroy est au sommet du monde ; les portes de l'Olympe semblent s'ouvrir à elle. Véritable élue parmi les mortels, elle vient de recevoir le titre de «Mademoiselle Âge Tendre», glorieuse distinction décernée par le magazine du même nom (une sorte de «Jeune et Jolie» des temps anciens).

Auréolée de ce nouveau statut, elle est immédiatement entraînée dans les studios pour y enregistrer un 45 tours. Coup de chance, les margoulins qui suivent sa carrière ont du goût et lui font reprendre une chanson des Beau Brummels : «Just a Little» (repabtisée «Mieux vaut tard que jamais»). Avec cette ballade folk carillonnante, le groupe de San Francisco vient d'obtenir un joli succès aux Etats-Unis et est en train de poser les jalons de la nouvelle scène californienne (aux cotés des Byrds).

Mais Elsa et ses producteurs ont décidé de faire encore mieux : la rythmique est légèrement accélérée, le son est «orientalisé» de façon à couvrir la chanson d'un voile psychédélique ; et puis Elsa Leroy a une voix bien plus jolie que le chanteur des Beau Brummels.

A l'instar de Delphine, Elsa Leroy n'a finalement pas connu le succès. C'est un peu dommage, mais cela ne nous empêche pas de réécouter, 45 ans plus tard, ces deux chansons toutes choux et toutes chouettes.

Elsa Leroy - Mieux vaut tard que jamais (1966)
(acheter Sixties girls, volume 5)
Delphine - La fermeture éclair

2 commentaires:

fabrice a dit…

deux découvertes ma foi plaisantes avec ce son caractéristique des sixties, plein de fraicheur

Anonyme a dit…

Voix très douce et agréable a écouté